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Un quatrième mur?

Photo by Tim Mossholder on Unsplash

Lorraine Hamilton

On vous a déjà dit : « Fais attention au quatrième mur »? Comme si un mur imaginaire sortait tout à coup de nulle part, ou que votre metteur en scène proposait un décor invisible? Un mur qui n’existe pas?

Question de convention

Oui, justement. Un mur qui n’existe pas, mais qui existe en théâtre. Une convention théâtrale veut qu’un mur imaginaire se dresse entre la scène et la salle. Imaginez que vous êtes sur une scène classique. Vous pouvez facilement voir deux murs latéraux et un mur à l’arrière-scène. Le quatrième mur est celui que vous ne voyez pas et qui vous sépare du public. Il existe afin de créer un effet de distance entre le comédien et le spectateur.

En théâtre, la distance est voulue pour que le comédien n’ait pas de contact visuel avec le public. C’est une règle à respecter.

Le spectateur est comme un « voyeur », et c’est ainsi qu’il « entre » dans l’histoire qui se déroule devant lui. Le jeu ne doit pas briser le quatrième mur, sinon il brisera aussi l’illusion réaliste. Le comédien joue comme s’il n’y avait pas de public et, ainsi, il joue plus proche de la réalité.

En s’adressant directement au public, on risque de rompre ce qu’on appelle, le « contrat narratif » réaliste. Autrement dit, le spectateur décrochera. C’est un peu comme au cinéma : les acteurs ne regardent pas la caméra, elle est « inexistante ». C’est la même chose au théâtre : pour les comédiens, le public n’existe pas.

Des exceptions

Toutefois, un narrateur peut et doit s’adresser au public. Il est le seul sur scène qui peut le faire. Le narrateur est aussi près de la salle que de la scène, et c’est lui qui fait le lien entre les deux. Sa position narrative exige de lui une proximité avec les spectateurs, contrairement aux comédiens sur la scène.

On pourrait croire que les monologues ou les apartés brisent le 4e mur, mais en fait, c’est plutôt le personnage qui se parle intérieurement. Cette technique constitue, elle aussi, une convention théâtrale.

Par ailleurs, en théâtre jeunesse, destiné aux enfants, on peut briser ce mur pour faire interagir ces derniers. Il faut stimuler les enfants pour attirer leur attention. Un public adulte, en revanche, n’a pas besoin d’une telle stimulation.

Briser le mur?

Il se peut qu’un groupe qui débute brise le 4e mur sans en être conscient – tout simplement parce qu’il n’en connait pas l’existence.

Il arrive toutefois que certains metteurs en scène cherchent volontairement à le briser, par exemple sur une scène éclatée, en théâtre de rue, etc. Dans ce cas, les comédiens s’adressent directement au public. Pour se lancer dans une telle aventure, il faut que l’action soit justifiée et faite intelligemment. Il faut aussi s’attendre à ce que le public soit déstabilisé.

En théâtre réaliste, on recherche l’effet d’identification: le comédien s’identife à son personnage, et les spectateurs s’identifient aux personnages incarnés sur la scène. En brisant le 4e mur, le comédien interrompt cet effet.

Personnellement, surtout si vous faites vos premiers pas en théâtre, je vous conseille de respecter le 4e mur afin de bien faire passer votre message. Lorsque je travaille avec les comédiens, je leur demande aussi de ne pas lancer des regards dans la salle (pour apercevoir papa ou maman, par exemple). Un regard qui se perd ainsi est toujours repéré par plusieurs, qui ne manquent pas de décrocher. Suivez mon conseil : concentrez-vous sur votre jeu. Portez toujours vos regards et votre attention sur l’action qui se passe sur scène, et le public en fera tout autant.

Exercices pour la voix

Photo de Jason Rosewell sur Unsplash.com

Chantal Bilodeau-Legendre

La voix est l’organe de la parole et du chant : pour la travailler, la renforcer, la projeter, il ne suffit pas de simplement faire vibrer nos cordes vocales; il faut solliciter tout le corps. À cet effet, Lorraine a repéré deux vidéos instructives.

Tout d’abord, plusieurs exercices proposés par Fanny Pierre, actrice belge, dont bâiller, faire BRRR et MMM, petit-pot-de-beurreriser, se glisser un stylo entre les dents, faire des bulles avec une paille, jouer avec les consonnes et les voyelles… Le BRRR m’a posé problème.

Ensuite, un tutoriel d’Isabelle Trottier, cantatrice québécoise, qui explique avec clarté et simplicité les notions de respiration (abdominale, bien entendu), de posture (tiens, Fanny Pierre parle elle aussi de la « colonne d’air »), d’émission sonore et de projection. Mme Trottier propose aussi des exercices pratiques pour vous aider à vous améliorer. Le BRRR m’a encore posé problème.

De plus, vous trouverez des virelangues dans nos pages et sur divers sites d’élocution française. Tapez simplement virelangue dans un moteur de recherche.

Quant au BRRR, j’ai trouvé un truc : pour « démarrer » le mouvement des lèvres, je me sers de mon index quand je commence à expulser l’air. Avec un peu de pratique, je devrais bien finir par y arriver du premier coup, sans le doigt!

Voir aussi:

Pas-à-pas avec des enfants

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Merci à Christine Joyal Chaussé pour la photo!

Lorraine et moi écrivons toutes les deux. Nous faisons aussi toutes deux de la mise en scène. Mais ce que l’une fait facilement, l’autre l’exécute péniblement. J’aime écrire. Lorraine trouve sa joie dans la mise en scène. (Nous faisons une belle équipe, n’est-ce pas?)

Quand elle planifie une répétition, elle prend soin de consigner dans son cahier de régie tous les déplacements de ses comédiens. Elle fait ce que nous appelons du « pas-à-pas ». Elle écrit au crayon, si jamais de meilleures idées lui viennent dans le feu de l’action, mais en général, tout est déjà fixé. Ce pas-à-pas préétabli rend les répétitions de Lorraine très efficaces. Les pertes de temps sont quasi nulles. (Dois-je préciser que c’est l’inverse avec moi?)

Cette approche dirigiste ne convient pas à toutes les troupes : des comédiens expérimentés peuvent avoir plus de latitude et suggérer à la metteure en scène des déplacements intéressants. Mais avec les enfants, surtout les plus jeunes, on oublie la « latitude » quand vient le temps de mettre un texte en scène. On leur dit quoi faire. On leur donne structure et encadrement. On les DIRIGE.

Si vous commencez à mijoter des projets dont les jeunes feront partie, prenez le temps de lire: Faire du théâtre avec des enfants – notions importantes de notre dossier Enseigner le théâtre aux enfants.

Bonne lecture!

Dossier LE THÉÂTRE ET LES ENFANTS

Nous avons regroupé ici des ressources qui pourraient être utiles aux personnes désireuses de faire du théâtre avec des enfants. Vos suggestions sont les bienvenues! Si des liens ne sont plus fonctionnels, merci de nous en aviser. Écrivez-nous à theatre.evangelique@gmail.com.

Articles parus dans nos pages

Sites web

  • Aventures  – Voyez notamment les rubriques Catéchèse et Librairie.
  • Animation biblique – Site consacré exclusivement à l’animation biblique.
  • Point KT  – Plateforme de catchèse protestante francophone. Nombreuses ressources: contes, saynètes, etc.
  • Theatrons– Un site pour apprendre et enseigner le théâtre, offrant plusieurs conseils et exercices pratiques.
  • Dramaction– Site pédagogique pour les enseignants du théâtre, lieu d’échanges intéressants.
  • Théâtre Action – Voyez notamment la rubrique Ressources.
  • Théâtre à l’école primaire – La dernière mise à jour remonte à loin, mais les informations demeurent pertinentes.

Méchant syndrome…

Par Chantal Bilodeau-Legendre

J’ai l’habitude de monter des pièces de mon cru, et je crois souffrir du « syndrome de l’auteure omnisciente ».

Les personnages que je crée sont toujours si vivants dans ma tête! Leur voix, leur « mentalité », même leur démarche – j’entends tout, je vois tout, je sais tout! Je n’ai qu’à dire à mes comédiens quoi faire! Je leur montre comment donner corps à ces créations de mon esprit. Je les guide presque pas à pas… Un peu trop, je pense.

En effet, en négligeant l’étape de l’étude de leurs personnages, je prive mes comédiens d’une réflexion préliminaire, essentielle au jeu dramatique sensible et intelligent. Oh! Je ne dis pas que mes comédiens jouent sans sensibilité ni intelligence! Non, mais ils n’explorent pas les personnages eux-mêmes, ils n’en font pas la connaissance eux-mêmes. Ils font ce que je leur dis (en règle générale) et, par conséquent, ils ont plus de difficulté à atteindre une interprétation naturelle, aisée, spontanée.

La traduction des articles de la série « Les cinq composantes de base de l’interprétation » m’aura été profitable à moi la première! Je vous les encourage à les lire et à les relire. Commencez par la première composante, RÉLÉCHIR. (La liste des articles apparait dans notre rubrique Interprétation.)

Si comme moi vous souffrez du syndrome de l’auteure omnisciente, je vous souhaite bonne guérison! 🙂