Nous avons regroupé ici des ressources qui pourraient être utiles aux personnes désireuses de faire du théâtre avec des enfants. Vos suggestions sont les bienvenues! Si des liens ne sont plus fonctionnels, merci de nous en aviser. Écrivez-nous à theatre.evangelique@gmail.com.
Lorsqu’on répète une pièce, on progresse un peu de la manière suivante, selon la longueur et la difficulté des scènes :
♦ Semaine 1 : Travail de la scène 1 (acte 1)
♦ Semaine 2 : Travail des scènes 2 et 3 (acte 1)
♦ Semaine 3 : Travail des scènes 4, 5 et 6 (acte 1)
♦ Semaine 4 : Enchainement des scènes de tout l’acte 1
♦ Semaine 5 : Travail de la scène 1 (acte 2)
et ainsi de suite jusqu’à…
♦ Semaine 12 : Enchainement des actes 1 et 2
Enchainement
Chaque fois qu’on reprend les scènes ou les actes depuis le début, on fait un enchainement. Les enchainements sont essentiels pour ne pas oublier le travail accompli depuis le commencement des répétitions.
Enchainement rythmé
Il arrive que les comédiens développent des mécanismes désagréables en cours de route. Les enchainements rythmés peuvent servir à les briser, aidant ainsi les comédiens à retrouver un jeu naturel.
En quoi consiste un enchainement rythmé?
Le metteur en scène impose diverses conditions d’exécution aux comédiens pendant leur jeu, et ce, à toutes les 30 ou 60 secondes environ.
Chaque fois que je fais des enchainements rythmés, j’obtiens des résultats étonnants! Non seulement mes comédiens ont un plaisir fou, mais leur jeu gagne en souplesse et en fraicheur. Lorsqu’ensuite nous reprenons en mode « normal », je constate que les mécanismes ternes ont disparu!
Voici plusieurs exemples de situations que j’impose à mes comédiens. Plus elles sont farfelues, plus ils s’amusent, meilleur est leur jeu.
« Tout en disant votre texte… »
Vous avez un accent anglais (marseillais, russe, chinois, allemand…)
Vous êtes sur la lune en état d’apesanteur.
Vous êtes des poissons dans l’océan.
Vous êtes dans une caverne où il y a de l’écho.
Attention, le plafond va vous tomber dessus!
Il y a un bombardement d’avion.
Des tarentules essaient de monter sur vos jambes.
Vous êtes des cowboys au Far West.
Vous avez très mal au ventre.
Vous avez envie de vomir.
Vous avez la grippe (éternuez, mouchez, toussez).
Vous pleurez à chaudes larmes.
Vous riez aux éclats.
Vous chantez comme des chanteurs d’opéra.
Vous êtes des poules dans une bassecour.
Vous êtes des marionnettes à fils.
Vous fondez comme un bonhomme de neige au soleil.
Il fait très froid.
Il vente à arracher les toits.
Vous êtes sur un bateau où il y a de la houle.
Vous tombez de sommeil.
Vous êtes de petits bébés.
Vous marchez sur un champ de mines antipersonnelles.
Un jour que je me plaignais à Lorraine que mes jeunes comédiens n’étaient pas «dedans» durant les répétitions, elle m’a demandé s’ils «avaient du fun», comme on dit ici. J’ai dû reconnaitre que nos répétitions n’étaient pas très amusantes. Elle m’a rappelé l’importance du jeu… Je l’entends d’ailleurs me répéter : « Amusez-vous, amusez-vous, amusez-vous. »
Quand j’y repense, faire du théâtre, c’est jouer. Alors j’ai décidé de donner à mes répétitions une nouvelle tournure. Lorraine m’avait déjà initiée aux exercices de théâtre, j’en faisais régulièrement, mais mon équipe de comédiens n’avait pas vraiment de plaisir. Dès la rencontre suivante, j’ai proposé des exercices complètement fous… Résultat? L’ambiance s’est « dégelée », les jeunes ont ri, se sont détendus… et ont mieux joué.
Si vous incorporez déjà des exercices de théâtre dans vos répétitions, parfait! Sinon, commencez sans tarder! Vous verrez une grande différence, non seulement dans le jeu des comédiens, mais aussi dans leur disposition.
Amélie et Ludo connaissent leurs répliques et leurs déplacements. Bien qu’ils sachent quoi dire et quoi faire, il leur manque quelque chose lorsqu’ils se mettent à jouer leur scène. Du naturel. De l’émotion. Tout semble cérébral et mécanique… Pourquoi?
Il est bien possible que le metteur en scène ait négligé de développer la créativité et l’imagination de ses comédiens. Il ne les a pas incités à puiser dans l’éventail de leurs émotions, à explorer leurs forces et à découvrir leurs capacités.
Pourquoi faire des exercices de théâtre?
Faire de la mise en scène, c’est enseigner des techniques, des règles, mais c’est aussi offrir au comédien des moyens pour trouver et explorer lui-même différentes facettes de sa personnalité qui contribueront à son jeu dramatique.
Afin d’aider les comédiens à bien exploiter leur « outil », je leur propose toujours des exercices de théâtre au début de chaque répétition. Avant chaque rencontre, je prends soin de choisir ou d’inventer quelques activités qui auront pour fonction de développer la créativité ou de travailler certaines faiblesses.
Ces exercices aideront notamment à…
♦ la prise de conscience de soi,
♦ la mise en confiance,
♦ la mise en train.
Ils contribueront au développement de,,,
♦ l’imagination,
♦ l’observation,
♦ la concentration.
Ils toucheront…
♦ à l’expression corporelle,
♦ au mime,
♦ à l’improvisation, etc.
Vous a-t-on parlé du ton? Mais qu’attend-t-on? Et sur quel ton en parle-t-on? Sur un ton sérieux ou un ton léger? Sur un ton acerbe ou un ton plaisant? Sur un ton sévère ou un ton doux? Sur un ton dur ou un ton tendre? Sur un ton flatteur ou un ton sincère? Sur un ton grossier ou un ton aimable? Tant de tons racontent le ton, dit-on! Mais si l’on s’étonne de mon ton tonique, comment supportera-t-on mon ton tonnant?
Une grande partie de la communication verbale passe par le ton de la voix. C’est d’ailleurs grâce au ton que je peux deviner si mon interlocuteur est aimable ou glacial, s’il est sincère ou ironique, si son humeur est bonne ou maussade.
Le ton est la « qualité sonore d’une voix, en fonction de sa hauteur, de son intensité et de son timbre ». Le ton est la « façon de parler, qui révèle un sentiment, une intention ou qui est adaptée à une situation ». (Antidote)
Comment trouver le ton?
Il n’existe pas de règle fixe pour donner à un personnage le ton approprié. Imprégnez-vous du texte. Répétez, répétez et répétez! Chaque tirade contient des idées enveloppées d’émotions. Aussi, assimilez vos tirades, en réfléchissant bien au sens des mots. Tenez compte des différentes nuances et variations dans votre texte : silences, rythme, énumérations, hésitations, etc. Le sens juste mène au ton juste.
Voici trois exercices importants qui vous aideront à y parvenir.
1. L’étude du caractère du personnage est le point de départ. (Lisez à ce sujet L’étude du personnage). Grâce à cet exercice, on crée une « histoire » au personnage (âge, éducation, intérêts, etc.), qui permet de lui donner un ton général.
2. L’étude des diverses situations de chaque scène aide ensuite à teinter le ton d’une façon plus précise : situation urgente, détendue, inquiétante, etc.
3. Finalement, l’humeur ou l’émotion vécue dans chaque situation raffine le ton : amour, crainte, mépris, peur, tristesse, joie…
Exemple M. Prudent, le personnage principal de la pièce Zone de sécurité, est rempli d’enthousiasme pour les projets de l’église, mais il connaît beaucoup d’insécurité : tantôt il est tout feu tout flammes, tantôt il a peur de se mouiller les pieds. Le ton de sa voix changera selon les situations qu’il vit : on sentira tantôt la détermination, tantôt l’hésitation et la crainte.
Appuyer sur les bons mots
De façon générale, l’idée précède les mots. L’idée se traduit en mots, et non le contraire – sauf pour des cas particuliers, comme la colère, où il arrive que les paroles précèdent les idées incohérentes.
Bien souvent, une phrase peut se résumer en un ou plusieurs mots clé. Sachez identifier ces mots clés, car c’est sur eux qu’il faut appuyer. Vous trouverez donc utile, sur votre copie du texte, de souligner les parties de chaque phrase que vous voulez mettre en évidence. C’est très personnel! Une interprétation se distinguera d’une autre, selon qu’on choisit de privilégier tel mot clé plutôt que tel autre.
Exemple Dans le texte ci-dessous (extrait de Job 11.19 à 12.4), j’ai souligné les mots qui me semblent ressortir particulièrement. Mon choix a été motivé par le caractère de chaque personnage, la situation et l’émotion. Lisez ce texte à voix haute, d’abord sur un ton neutre, ensuite en mettant l’accent sur les mots soulignés. Sentez-vous la différence?
Tsophar: Tu te coucheras sans que personne ne te trouble. Mais les yeux des méchants seront consumés; pour eux point de refuge. La mort, voilà leur espérance!
Job: On dirait, en vérité, que le genre humain c’est vous, et qu’avec vous doit mourir la sagesse. J’ai tout aussi bien que vous de l’intelligence, moi. Je ne vous suis point inférieur. Et qui ne sait les choses que vous dites? Je suis pour mes amis un objet de raillerie.
♦ Les phrases chantées – on pourrait les transcrire sur une portée musicale! Très énervant à entendre.
♦ Les phrases mécaniques – prononcées sans variation de ton, on dirait qu’elles sortent de la bouche d’un robot.
Exercice
Amusez-vous avec différents tons! Écrivez sur des bouts de papier les tons énumérés plus bas. Choisissez une phrase sans trop de signification, comme celles suggérées ci-dessous. À tour de rôle, les participants tirent au hasard un bout de papier puis montent sur scène pour dire la phrase sur le ton demandé.
Exemples de phrases neutres : Où étiez-vous? ♦ Je l’ai vu ♦ Vous ne pouvez pas entrer ♦ Répète, s’il te plait