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La mimique

– Hector n’aime pas l’huile de foie de morue.
– Il te l’a dit?
– Non, mais tu aurais dû voir la grimace qu’il a faite quand il en a pris!

Jean-Jacques Courtine a dit : « La mimique est à la tête ce que les gestes sont au corps : une manière de signifier par le mouvement. » La mimique est le mouvement visible du visage. Elle est  le véhicule privilégié des sentiments.

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Bien souvent, les mots sont superflus pour exprimer la joie, le chagrin, l’horreur, la peur, l’inquiétude… Notre visage « parle ». Pour cette raison, la mimique en tant que langage de théâtre sert à appuyer les émotions ou les pensées qui animent le personnage. Elle peut accompagner les mots, mais pas nécessairement. En fait, bien exploitée durant un silence, la mimique est un moyen d’expression efficace et puissant.

Cependant, pour que la mimique exprime avec justesse une émotion, il faut se concentrer non sur l’émotion elle-même, mais plutôt sur la situation (personne, action) qui provoque l’émotion. Par exemple, au lieu de se dire : « Il faut que je montre que j’ai peur! Je dois donner à mes traits l’expression de la peur! » et d’essayer de se fabriquer une sorte de masque de peur, on doit penser au pourquoi de la peur à exprimer : « Une mygale grimpe le long de mon bras!!! » D’ailleurs, l’expérience le démontre : le comédien qui désire interpréter son rôle avec sensibilité mais qui se concentre seulement sur l’émotion elle-même sera vite découragé. Son jeu manquera de naturel et de profondeur.

Exercice

Exprimez par une mimique, donc sans paroles ni gestes, les émotions suivantes, suscitées par les situations indiquées.

♦ Adoration  –  Jésus revient sur des nuées.
♦ Affolement  –  Votre enfant vient d’avaler un sou et commence à s’étouffer.
♦ Bouleversement  –  Une maison est emportée par un glissement de terrain.
♦ Colère  –  Votre enfant vous insulte.
♦ Compassion  –  Un aveugle trébuche sur le trottoir.
♦ Consternation  –  Un incendie a détruit vos plus beaux souvenirs.
♦ Dédain  –  Il y a une mouche au fond de votre bol de soupe!
♦ Douleur  –  Vous avez soudain une crampe au mollet.
♦ Effarement  –  Une navette spatiale explose dans les airs.
♦ Embarras  –  Deux femmes font de la médisance près de vous.
♦ Émerveillement  –  Vous contemplez un magnifique feu d’artifice.
♦ Excitation  –  À l’aéroport, vous attendez l’arrivée de votre frère, absent depuis dix ans.
♦ Fierté  –  On décerne à votre femme une médaille de bravoure.
♦ Indignation  –  Vous entendez un adolescent menacer un petit de huit ans.
♦ Inquiétude  –  Sous vos yeux, un incendie ravage un immeuble à logements.
♦ Joie  –  Une amie vous annonce qu’elle a placé sa confiance en Jésus.
♦ Perplexité  –  Vous garez votre voiture devant deux panneaux contradictoires.
♦ Peur  –  Une voiture se dirige droit sur vous à toute vitesse.
♦ Pitié  –  Un sans-abri mendie son repas dans la rue.
♦ Quiétude  –  Vous contemplez un magnifique coucher de soleil.
♦ Reconnaissance  –  Un homme a risqué sa vie pour sauver votre enfant de la noyade.
♦ Stupéfaction  –  L’archange Gabriel vous apparaît soudain.
♦ Surprise  –  Vous recevez le cadeau dont vous rêviez depuis longtemps.
♦ Tendresse  –  Vous regardez un bébé s’amuser avec une peluche.

Amusez-vous!

Lorraine

Projection de la voix

Pour bien se faire entendre, il ne faut surtout pas crier, mais plutôt projeter sa voix, un peu comme on lance un caillou avec un lance-pierres. Le comédien doit donc s’exercer à parler « du ventre » et non de la gorge, c’est-à-dire que l’effort doit provenir des muscles abdominaux. Non seulement la voix aiguë qui provient de la gorge est agaçante à l’oreille, mais en plus elle ne porte pas loin et irrite rapidement les cordes vocales – certains en perdent même la voix.

Photo de Frank McKenna sur Unsplash.com

Exercices

♦  Inspirez et expirez profondément à quelques reprises. Puis, faites pénétrer l’air dans vos poumons, mais au lieu de soulever votre poitrine, gonflez le ventre, sans bouger les épaules. Vous aurez l’impression que votre ventre se gonfle comme un ballon – essayez de faire descendre ce « ballon » le plus loin possible. Retenez votre souffle un moment, essayez de sentir le « ballon », puis expirez lentement. Répétez à quelques reprises. Ensuite, au moment de l’expiration, prononcez les voyelles : A-E-I-O-U. Les sons devraient sortir comme s’ils venaient de loin, portés par l’air qui s’échappe de votre poitrine. Ce sont les muscles de votre abdomen (et non ceux de votre poitrine) qui doivent travailler pour expulser l’air. Vous les sentirez se contracter en mettant la main sur votre ventre.

♦  Exercez-vous ensuite à dire des mots en expulsant l’air de vos poumons, toujours en faisant travailler les muscles de votre abdomen. Inspirez profondément de la façon décrite ci-dessus, puis à l’expiration prononcez votre nom, celui de vos amis. Allez lentement. Passez ensuite à des phrases plus longues, toujours sur le même souffle. Essayez de toujours sentir le « ballon » dans votre ventre.

♦ Tout en respirant par le ventre, parlez sur un ton plus grave que d’habitude pour dire vos répliques. Les femmes devront s’exercer plus que les hommes, car en général leur voix est plus aiguë et ne porte pas loin. Donc, respiration « basse » et voix grave : vous projetterez votre voix au maximum.

Faites de tels exercices régulièrement durant vos répétitions. Vous verrez : la différence sera remarquable! On vous entendra de loin… et sans micro.

Voir aussi:

L’équipe TE

Les virelangues

Les virelangues sont des exercices amusants qui favorisent une bonne diction. Les chemises de l’archiduchesse étant sèches depuis fort longtemps, nous vous en proposons plusieurs autres. À répéter souvent et bon courage!

Photo de Alexander Krivitskiy sur Unsplash.com

♦ Si ceci se sait, ces soins sont sans succès.

♦ Dis-moi, gros-gras-grand-grain-d’orge, quand te dé-gros-gras-grand-grain-d’orgeras-tu? Je me dé-gros-gras-grand-grain-d’orgerai quand tous les gros-gras-grands-grains-d’orge se dé-gros-gras-grand-grain-d’orgeront.

♦ Natacha n’attacha pas son chat Pacha qui s’échappa. Cela fâcha Sacha qui chassa Natacha.

♦ Je veux et j’exige (répétez en faisant la liaison Je veux-z’et).

♦ Si six scies scient six cigares, six cent scies scient six cent six cigares.

♦ Dinon dîna, dit-on, du dos d’un dodu dindon.

♦ Chaque chasseur cherche une chèvre chauve sans chic qui chique chichement sa choucroute.

♦ Alerte! Arlette allaite!

♦ Quatre attaques à quatre.

♦ Jean sait jaser chez son gendre.

♦ Six chaises sèches et douze douches douces.

♦ César laisse, ce soir, sécher chez Zachée sur son sachet, ses six chaussettes et ses chaussons saucés.

♦ Trois petits pois blancs et un plein plat de blé pilé.

♦ Chasseurs qui chassez, sachez chasser ces chiens.

♦ Quand un cordier cordant veut corder sa corde, pour sa corde cordée, trois cordons il accorde. Mais si l’un des cordons de la corde décorde, le cordon décordé fait décorder la corde.

♦ Paragarafaramous est un original qui ne se désoriginalisera pas tant que tous les originaux ne se seront pas désoriginalisés. Or, les originaux ne se désoriginaliseront jamais. Donc Paragarafaramous ne se désoriginalisera pas!

♦ Jugez vous-même si ce juge sage juché sur une chaise jaune sera juste dans son jugement.

♦ Petit pot de beurre, quand te dépetipotdebeurreriseras-tu? Je me dépetipotdebeurreriserai quand tous les petits pots de beurre se seront dépetipotdebeurrerisés : or les petits pots de beurre ne se dépetipotdebeurreriseront pas. Donc, je ne me dépetipotdebeurreriserai jamais.

♦ De gros rats gris grippés grattent et agrippent une grappe de grosses rates grises grippées.

♦ Un sadducéen qui sadducéait rencontra un pharisien qui pharisaïsait. Le sadducéen qui sadducéait dit alors au pharisien qui pharisaïsait: « Faisons équipe! Pour moi tu sadducéerais et pour toi je pharisaïserais! ». Le pharisien qui pharisaïsait répondit au sadducéen qui sadducéait: « Que non! Que dirait-on, de voir un pharisien qui sadducée et un sadducéen qui pharisaïse? Laissons tous les sadducéens sadducéer et tous les pharisiens pharisaïser! »

L’équipe TE