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La poussière retombe…

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Vous faites quoi, après votre programme de Noël? Si vous êtes comme moi, les quelques pépins tombent dans l’oubli et de belles images affluent dans votre esprit, se transformant en autant de bons souvenirs à se remémorer longtemps. Il y a les comment-on-a-rattrapé-et-personne-n’a-rien-vu. Il y a les gestes spontanés (et imprévus!) des petits. Il y a aussi le public, son attention, ses rires, ses applaudissements parfois inattendus.

Tout de suite après une représentation, alors que nous sommes encore fébriles, que l’animateur dit le mot de la fin et que l’assemblée entonne un ou deux derniers chants, j’aime réunir tous mes comédiens à part, pour parler de nos bons coups, comme je les appelle – ce que chacun et chacune a fait avec brio.

Puis, nous prenons le temps de remercier Jésus, là, tout de suite. C’est pour lui qu’on dit jouer, c’est lui qu’on a supplié de nous aider, c’est à cause de lui qu’on a persévéré au fil des semaines. C’est vers lui que doit s’élever notre reconnaissance. Car Jésus a été là, orchestrant le tout et se servant de nos talents pour véhiculer le message de son Évangile.

Certes, on reçoit avec joie compliments et félicitations – je les prends comme autant de bonnes paroles de la part de mon Sauveur. Cependant, mon cœur se gonfle toujours de remerciements et d’éloges envers celui qui nous a menés jusqu’au bout de ce projet et qui pose sur nous un regard plein d’amour.

Gardez votre calme!

Par Karen Dickson

Je pense qu’un des secrets pour garder son calme consiste à se « dissocier » comme metteur en scène : quand on travaille avec des comédiens, on se concentre sur eux – pas sur l’éclairage, les accessoires ou les décors, ni sur la myriade d’autres détails qui pourraient causer beaucoup de stress!

Je tiens à me rappeler que, en tant que metteure en scène, mon mandat se termine après la générale. Je dois donner à mes comédiens tout ce dont ils ont besoin jusque-là – sinon je ne leur rends pas service! C’est important qu’ils sachent que j’ai confiance en eux. Bien entendu, cette confiance découle du fait que nous avons travaillé fort et que je leur ai beaucoup demandé pendant les répétitions. Je m’efforce d’ailleurs de rassurer mes comédiens : je ne les laisserai se rendre à la représentation que si je sens qu’ils sont prêts. Et si cela signifie des heures de boulot supplémentaires, eh bien! nous y mettrons le temps qu’il faut.

À la fin de la générale, je cherche à clore nos semaines de préparation d’une manière constructive. S’il reste quelques lacunes, je trouverai une façon positive d’influencer les acteurs en les encourageant à faire de leur mieux et à jouer de tout leur coeur, avec l’aide incommensurable de Dieu.

Je crois que les metteurs en scène ont la responsabilité de « bâtir » les comédiens, de les édifier, et non de les démolir. À mon avis, nous pouvons contribuer à édifier notre troupe en demeurant nous-mêmes motivés et calmes… Pleins d’énergie, oui, mais agités et énervés, non.

Les comédiens doivent avoir la conviction que nous comptons sur Dieu pour tous nos besoins de théâtre. Il vaut toujours mieux suivre la direction qu’il nous donne : c’est la meilleure. Quand Dieu est à la tête du projet, qui sommes-nous pour paniquer ou nous emporter?

Voir aussi:
Hey! Relaxe!


Extrait de DramaShare Organizational Manual, publié par DramaShare (2000). Traduit et adapté par Chantal Bilodeau-Legendre, avec l’aimable autorisation de DramaShare.

 

Recrutement: quels critères?

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Photo de Zhen Hu sur Unsplash.com

Parfois, on ne choisit pas nos comédiens. On prend tous les élèves de la classe d’école du dimanche, ou les jeunes du club biblique… D’autres fois, il nous faut recruter. Pour ma part, je ne fais pas passer d’audition. Même s’il m’est arrivé de me tromper par le passé, j’ai, en général, toujours réussi à former de belles équipes pour nos productions. Et cette délicate question du recrutement m’a inspiré ce petit sketch mettant en vedette les célèbres Bric et Brac.

Bric et Brac jouent au Scrabble.

Bric :   Alors, Brac, le programme de Noël?

Brac :    Nous travaillons fort depuis fin septembre. Les jeunes sont enthousiastes et ça me motive beaucoup!

Bric :   Combien de comédiens?

Brac :   Six ados.

Bric :   Comment les as-tu recrutés?

Brac :   Eh bien, j’ai…

Dring! Dring! Brac décroche.

Brac :   Allo?

M. Lustucru :  Bonsoir, Brac! M. Lustucru à l’appareil.

Brac :    Bonsoir, M. Lustucru! Qu’est-ce que je peux faire pour vous?

M. Lustucru :   Prendre mon fils dans votre troupe, pour le programme de Noël.

Brac :  Ah, hem… C’est que tous les rôles sont comblés et…

M. Lustucru :   Vous n’avez même pas fait d’annonce à l’église! Si j’avais su que vous faisiez une pièce pour Noël, je vous aurais envoyé Bobbipou. J’aime ça quand il fait du théâtre.

Brac :   Je vois.

M. Lustucru :    Bobbipou a beaucoup de talent.

Brac :   Je n’en doute pas.

M. Lustucru :    Je veux qu’il participe activement à la vie de l’église.

Brac :   Je comprends. (Silence.)

M. Lustucru :   Alors, qu’allez-vous faire?

Brac :   Eh bien, je retiens votre demande et je la considère pour notre prochaine production.

Lustucru :   C’est tout ce que vous avez à me dire? Bobbipou joue nettement mieux que le petit Schmourf!… (Pause.) Avez-vous pris le petit Schmourf encore cette année?

Brac :  Oui, j’ai pris le petit Schmourf.

M. Lustucru :   Quoi??? C’est complètement ridicule!

Brac :    Je ne comprends pas votre réaction.

M. Lustucru :   Le petit Schmourf n’a aucun talent en théâtre.

Brac :    Vous savez pourquoi j’aime travailler avec le petit Schmourf?

M. Lustucru :   Parce que sa mère est directrice de la chorale, je suppose.

Brac :   Oh non, pas du tout! Le petit Schmourf travaille fort, il apprend ses tirades selon l’échéancier, il encourage les autres, il accepte les critiques que je lui fais, il cherche à s’améliorer. D’ailleurs, il a fait de grands progrès. Sa présence dans notre équipe est une véritable bénédiction!

M. Lustucru :   (Silence.)

Brac :   M. Lustucru? M. Lustucru, vous êtes là?

M. Lustucru :   … Et le talent?

Brac :   Je ne recherche pas forcément des jeunes talentueux. L’attitude, la fidélité, le respect de l’autorité – voilà quelques-uns de mes critères quand je recrute des comédiens. Le talent, ça se travaille.

M. Lustucru :   Ah.

Brac :    Vous aimeriez vraiment que votre fils fasse partie de notre équipe… Mais à notre dernière production, le comportement de Bobbipou a été très éloquent… si vous voyez ce que je veux dire.

M. Lustucru :   (Se raclant la gorge) Oui, j’en conviens. Bobbipou traverse une passe difficile…

Brac :   Le pasteur m’a demandé de monter une pièce de théâtre et il m’a donné carte blanche pour le choix des comédiens. Je n’avais que six rôles. J’ai dû faire un choix, selon des critères importants pour moi.

M. Lustucru :   Oui, bien sûr. (Silence.)

Brac :   Si jamais Bobbipou veut faire du théâtre, encouragez-le à venir me voir. Nous pourrons bavarder, lui et moi. D’ailleurs, j’ai des projets pour juin prochain.

M. Lustucru :   Je vous remercie, Brac… Eh bien… bonne fin de soirée!

Brac :   Bonsoir, M. Lustucru!

Brac raccroche en soupirant et revient à Bric, qui a commencé à feuilleter un magazine en attendant.

Bric :   Un petit problème?

Brac :    Oh, moi? Non…

Bric :   Mais M. Lustucru, si?

Brac :   Peut-être.

Bric :   Tiens, pendant que tu bavardais au téléphone, j’ai placé un mot de sept lettres. RE-CRU-TE.

Brac :   Pas mal. (Plaçant ses lettres sur le tableau de jeu) Moi aussi, j’ai un mot de sept lettres… tiens… CRI-TÈ-RE! Et mot compte triple, en plus!

Deux feux?

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Photo de Maxim Tajer sur Unsplash.com

Cette comédienne a le feu sacré, entend-on parfois. Par ces mots, on désigne la passion intérieure, l’enthousiasme, l’inspiration qui l’animent. Avoir le « feu sacré » en théâtre est souvent très exaltant – on joue comme habité par son personnage, porté par un élan, et c’est « magique » chaque fois qu’on monte sur les planches.

Le théâtre avait cet effet « magique » sur moi à l’adolescence. Cependant, lorsque j’ai embrassé la foi chrétienne, un autre feu s’est allumé dans mon cœur. Après un certain temps, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas entretenir deux feux en même temps. Inévitablement, l’un des deux allait être négligé… et je craignais, si je poursuivais des études exclusivement en théâtre, d’être poussée à faire des compromis avec mes valeurs nouvelles.

Parvenue à un carrefour dans mes études, j’ai opté pour une profession plus « sérieuse » (la traduction) en me disant que, diplôme en poche, j’allais pouvoir quand même faire du théâtre comme un à-côté. Avec les années, j’ai découvert que je pouvais vraiment faire du théâtre, sans faire de compromis avec ma foi. Mais au début, dans mon petit patelin, j’étais plutôt isolée et à court de moyens…

Je suis certaine de ne pas être la seule à avoir vécu une telle situation. Encore aujourd’hui, d’autres vivent un dilemme semblable: comment assujettir ses talents à ses convictions? Je crois que nombreux sont les croyants qui, animés d’un feu pour le Seigneur, brûlent de l’exprimer par le moyen du théâtre – ou par toute autre forme d’expression artistique (mime, manipulation de marionnettes, danse, etc.).

Lorraine et moi espérons que les nombreuses ressources offertes gratuitement sur notre site contribueront à l’avancement de l’art dramatique (et de l’écriture) dans le monde évangélique. Qu’elles seront pour vous une importante source d’inspiration.

Si vous avez des témoignages, n’hésitez pas à nous écrire à theatre.evangelique@gmail.com pour nous les partager. Que le Seigneur vous rende féconds à son service!

Crevé? (ou: Apprendre à déléguer)

par Chantal Bilodeau-Legendre

Il m’est déjà arrivé d’être à plat dans mon ministère de théâtre – surtout vers la fin d’une production. Plus d’une fois, à l’approche de la date fatidique (celle de la présentation publique!), j’ai été à bout de souffle et je me suis dit : « Plus jamais! C’est trop exigeant! »

C’est vrai qu’un ministère de théâtre est exigeant, surtout si, comme je l’ai fait trop souvent, on s’occupe de rédiger le texte, recruter les comédiens, faire la mise en scène, gérer costumes et décors… De tout, quoi. Mon erreur était de ne déléguer pratiquement rien. Et non seulement je ne déléguais pas, mais je ne faisais pas connaître mes besoins véritables à mon église.

J’étais jeune, sans enfants, pleine de dynamisme à cette époque. Je pouvais gaspiller mon énergie à faire moi-même ce que d’autres auraient pu faire à ma place. Aujourd’hui, je ne suis plus aussi jeune, j’ai des enfants et j’économise mon énergie! Je n’ai plus le choix. Si je veux continuer à faire du théâtre (car j’aime ça et c’est ce que le grand Metteur en scène m’a demandé!), je gagnerai à exploiter les talents qui pullulent dans mon église.

Tiens! Monika peut découper ce large pan de tissu et passer quelques coutures pour habiller tous nos bergers! Linda et ses filles acceptent de confectionner des coffrets pour les mages, des rouleaux pour les scribes, un sceptre et une couronne pour Hérode! Réjean fabrique une mangeoire avec quelques planches! Yan grimpe à l’échelle pour changer la couleur des spots et faire des tests d’éclairage! Sans parler de la rédaction du bulletin à remettre aux spectateurs, de la gestion des costumes (et des jeunes comédiens!) entre les scènes… Quelle belle équipe je viens de découvrir!

Certes, je garde un œil sur ce qui se fait : je supervise. Je ne fais pas tout, et je me rends compte que le travail des autres est bien fait – voire mieux fait – quand je le confie à des personnes compétentes et dignes de confiance.

Voici quelques vérités que j’ai apprises sur le chemin de la délégation des tâches :

♦ En faisant connaître mes besoins à l’assemblée (costumes, accessoires, supervision des enfants, etc.), je donne à plusieurs l’occasion d’exploiter leur créativité et de servir le Seigneur avec leurs talents.

♦ Lorsque je délègue une tâche, mes attentes doivent être réalistes. Je suis en droit de demander un travail bien fait, mais pas la perfection – ou ce que je perçois comme telle. Je dois laisser à l’autre de la latitude dans l’exécution de sa tâche, sachant que c’est aussi une occasion pour elle ou lui d’apprendre et de faire des progrès.

♦ Si je prie Dieu de me guider vers les bonnes personnes – et de faire venir à moi les bonnes personnes – il le fera. Le plan qu’il a préparé d’avance concerne souvent des gens que je ne soupçonne pas toujours! J’aime me laisser surprendre par lui.

♦ Déléguer me libère l’esprit et me permet d’être plus efficace dans ce qui est ma force : écriture et mise en scène. Je ne m’éparpille plus autant. Et je ne suis plus crevée à la fin de notre production!

Yeshua s’était entouré de collaborateurs pour le moins disparates. Yohan et James avaient un tempérament plutôt fougueux, qu’ils ont appris à dominer avec le temps. Peter était ce qu’on pourrait appeler une « grande gueule », prompt à faire des promesses, mais pas à les tenir! Lui aussi a appris. Tom avait souvent besoin d’être rassuré. Parmi les gens de son entourage, il y avait les sœurs Myriam et Martha, l’une contemplative, l’autre hyperactive. Quand Yeshua a dû partir, une poignée d’hommes ont poursuivi le boulot. D’autres hommes et femmes plus ou moins compétents (à mes yeux, en tout cas!) se sont joints à eux. Ensemble ils ont bouleversé le monde.

Dieu prend plaisir à faire progresser son œuvre tout en faisant valoir la diversité et les faiblesses de ceux qui l’aiment et lui font confiance. À son exemple, je peux choisir d’avoir un ministère de théâtre où, dans la plus belle diversité, les faiblesses des uns côtoient les forces des autres, où les dons de chacun sont mis à profit en une belle harmonie. Ensemble, nous pourrons ainsi offrir au public, mais à Dieu d’abord, un service créatif empreint d’humilité et de gratitude.

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