Cet article est tiré de Drama Club Training Manual publié par DramaShare (2002). Il a été traduit et adapté par Chantal Bilodeau-Legendre avec l’aimable autorisation de DramaShare.
Nous vous invitons à lire également La mémoire affective et la Méthode. Vous aurez peut-être aussi du plaisir à lire ce court article, Rire et pleurer.
Le rire
En théâtre, le rire est l’une des habiletés les plus difficiles à maitriser. Pourtant, il y occupe une place si importante que nous devons l’apprendre. Dans les faits, le rire se présente comme une réaction décontractée se produisant de façon spontanée. Sur la scène, en général, le comédien amateur est tendu, et non décontracté. Par conséquent, le rire ne lui vient pas avec naturel.
Vers qui pouvez-vous vous tourner pour apprendre à bien rire? Vers les gens de votre entourage! Observez-les et écoutez-les attentivement : vous constaterez qu’ils rient de toutes sortes de manières. Les uns s’esclaffent ou pouffent, les autres gloussent, reniflent ou grognent, d’autres encore se tapent sur les cuisses ou se tiennent les côtes. Cependant, toutes les formes de rire ont un point en commun : le son. Malheureusement, lorsqu’on voit des amateurs sur la scène, bien souvent on n’entend rien.
Remarquez une personne en train de rire. Ses muscles abdominaux se contractent soudainement et provoquent un enchainement de courtes expirations saccadées. En traversant le larynx, l’air expiré devient bruyant. Le halètement (comme celui du chien qui a chaud) est un bon exercice pour s’entrainer au rire : contractez les muscles du ventre en expirant, relâchez-les en inspirant. Tout en haletant ainsi, essayez d’émettre des sons – mais rappelez-vous de produire les « ha! » lorsque vous expulsez l’air par petits coups rapides. Ce genre d’exercice vous fera rire « jusqu’à en avoir mal au ventre », mais ne craignez rien : le mal n’est pas si terrible! Vous trouverez aussi utile de chanter des sons-voyelles tout en contractant les muscles du ventre : ha, ha, ha, ho, ho, ho, hi, hi, hi… Allez de l’aigu au grave, puis du grave à l’aigu.
N’oubliez jamais que ce n’est que par le mouvement rapide des muscles de l’abdomen que vous apprendrez à produire un rire crédible.
Les pleurs
Tout comme le rire, les pleurs requièrent des efforts. Quand on pleure, on halète et on cherche à reprendre son souffle, et c’est cette action qui est le plus crédible sur la scène. D’habitude, les sanglots se traduisent par des « oh » plus ou moins forts et plus ou moins intenses. Ils sont souvent « dans la gorge » et on essaie de « ravaler ses larmes » : la gorge se resserre et on inspire ou avale pendant un sanglot. Faites bien attention lorsque vous dites votre texte tout en pleurant : il ne faut pas que vos paroles soient étouffées ou « avalées » avec vos sanglots.
Observez aussi une personne qui pleure : tout son corps est engagé. Elle se mord les lèvres, ses sourcils se rapprochent, les muscles de son visage se crispent et se tordent.
Voici ce qu’a écrit Karen Dickson au sujet des pleurs : À mon avis, sur la scène, pleurer n’a rien à voir avec verser des larmes. D’ailleurs, si larmes il y a, c’est presque impossible que les spectateurs les voient. Par conséquent, le comédien doit communiquer les pleurs d’une façon plus visible. [… ]
Pensez à ce qui se passe quand vous pleurez réellement. D’abord, votre respiration change beaucoup. Vous tentez peut-être de retenir votre souffle pour contenir vos larmes, ou bien vous prenez de grandes inspirations pour retrouver votre contenance. Dans un cas comme dans l’autre, si vous essayez de parler et que vous êtes au bord des larmes, vous avez beaucoup de difficulté à maitriser votre voix. Vous bégayez, ou alors un mot sort brusquement en un cri. Et lorsqu’on reprend son souffle après avoir pleuré, il s’agit d’habitude d’une inspiration profonde.
Bien souvent, quand une personne pleure, elle se place les mains près du visage ou elle se cache les yeux – mais ce n’est pas la meilleure chose à faire en théâtre, puisqu’on cherche justement à montrer l’émotion. Vous pouvez choisir par exemple de fermer les yeux tout en vous couvrant la bouche, puis de vouter les épaules tout en les secouant légèrement au rythme des sanglots.
La plupart des gens qui pleurent oscillent entre la retenue et l’abandon. Pour jouer de façon plus crédible, essayez d’incorporer votre texte à vos pleurs. Imaginez qu’il vous faut dire « Je ne peux pas croire qu’il est mort! » Prononcez « mort » dans un crescendo de la voix (un peu comme lorsqu’on pose une question), la finale du mot ressemblant à une sorte de cri aigu. Vous pourriez aussi dire ce mot dans un décrescendo, et le « r », à la fin, devient comme un sanglot déchirant.
Si je dois jouer un personnage éploré, je tends à crisper mon visage. Pleurer vraiment est une action douloureuse pour n’importe qui, et je pense que tous, par nature, nous luttons contre nos propres pleurs lorsque nous pleurons. C’est pourquoi nous contractons les muscles des yeux, des joues… Nous sommes tous probablement différents, mais essayez de vous rappeler une occasion où vous avez pleuré sincèrement. Je suis sure que cela vous est déjà arrivé, même si vous n’êtes pas du genre à pleurer très souvent. […] À la maison, prenez le temps de réfléchir à l’aspect de votre visage, à votre posture, votre voix, votre respiration – car toutes ces choses sont altérées quand vous pleurez. Ensuite, concentrez-vous sur deux ou trois éléments clés et essayez de les reproduire pour les intégrer à votre jeu dramatique. […]
Montrez l’émotion et ne cherchez pas à avoir des larmes dans les yeux. C’est l’émotion elle-même qui touchera les spectateurs.
Que le Seigneur bénisse vos efforts. Ma prière est que vous parveniez avec succès à créer l’effet recherché et à transmettre l’émotion de votre personnage!
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