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Modulation de la voix

Chantal Bilodeau-Legendre

Photo de Jan Meeus sur Unsplash

Moduler : «Produire avec des inflexions variées et agréables à l’ouïe, en faisant des modulations».* Une inflexion est un changement d’intonation ou d’accent. Les oideaux sont doués dans ce domaine!

On peut moduler un chant, des sons, sa voix. Pour mieux saisir cette idée, allons-y de quelques exemples.

Essayez de dire « Assez »…
• À des enfants qui se disputent
• À un ami qui vous demande si vous parlez bien le mandarin

Pour exprimer votre exaspération (« Ça suffit! ») et énoncer un fait (« Je parle le mandarin suffisamment pour me débrouiller »), vous avez modulé votre voix – tout le sens du mot assez a été changé!

Un autre exemple : « Il y a quelqu’un ». Dites cette phrase…
•  Comme une question neutre, en rentrant chez vous après le travail.
•  Comme une question teintée d’appréhension – vous pénétrez dans un édifice abandonné, délabré et sombre.
•  En chuchotant – vous entendez un voleur qui s’affaire dans la maison.

Le changement de ton, de rythme, de force, charge les phrases d’émotions.

Allez, encore un petit exercice : essayez de dire « Il pleut et notre piquenique est à l’eau »…
•  Avec colère
•  En pleurant
•  Avec la joie contenue d’une maman ou d’un papa qui voulait rester à la maison dormir tout l’après-midi
•  Comme si c’était le pire drame de votre vie

Je pense que, instinctivement, vous avez prononcé ces mots plus ou moins vite ou fort, vous avez insisté sur tel ou tel mot. Bref, vous avez fait des modulations. Tout comme Monsieur Jourdain, dans Le Bourgeois Gentilhomme de Molière, faisait de la prose sans le savoir, la plupart d’entre nous font des modulations tout naturellement.

Au théâtre, toutefois, il faut apprendre à moduler de façon intentionnelle, afin de bien caractériser nos personnages.

Capsule vidéo et définitions

Moduler : « Émettre (un ou des sons) en variant la hauteur, l’intensité, le timbre » (définition de mon logiciel Antidote). Mais qu’est-ce que la hauteur de la voix? l’intensité? le timbre?

Ce sera plus simple de regarder la capsule vidéo La modulation de la voix de Mélodie Bérubé et David Corbeil. En quelques minutes, ces derniers expliquent avec clarté sept notions importantes : hauteur, intensité, rythme, débit, silence, timbre, respiration. Mélodie et David illustrent leurs propos au moyen de nombreux exemples concrets et amusants – dont le Corbeau et le Renard, Mufasa, Bourriquet, Doris. De quoi donner le gout de jouer avec sa voix, et d’essayer toutes sortes de combinaisons!

Amusez-vous, modulez!

À voir aussi :


* SOURCE : CNRTL https://www.cnrtl.fr/definition/moduler//0

 

Un quatrième mur?

Photo by Tim Mossholder on Unsplash

Lorraine Hamilton

On vous a déjà dit : « Fais attention au quatrième mur »? Comme si un mur imaginaire sortait tout à coup de nulle part, ou que votre metteur en scène proposait un décor invisible? Un mur qui n’existe pas?

Question de convention

Oui, justement. Un mur qui n’existe pas, mais qui existe en théâtre. Une convention théâtrale veut qu’un mur imaginaire se dresse entre la scène et la salle. Imaginez que vous êtes sur une scène classique. Vous pouvez facilement voir deux murs latéraux et un mur à l’arrière-scène. Le quatrième mur est celui que vous ne voyez pas et qui vous sépare du public. Il existe afin de créer un effet de distance entre le comédien et le spectateur.

En théâtre, la distance est voulue pour que le comédien n’ait pas de contact visuel avec le public. C’est une règle à respecter.

Le spectateur est comme un « voyeur », et c’est ainsi qu’il « entre » dans l’histoire qui se déroule devant lui. Le jeu ne doit pas briser le quatrième mur, sinon il brisera aussi l’illusion réaliste. Le comédien joue comme s’il n’y avait pas de public et, ainsi, il joue plus proche de la réalité.

En s’adressant directement au public, on risque de rompre ce qu’on appelle, le « contrat narratif » réaliste. Autrement dit, le spectateur décrochera. C’est un peu comme au cinéma : les acteurs ne regardent pas la caméra, elle est « inexistante ». C’est la même chose au théâtre : pour les comédiens, le public n’existe pas.

Des exceptions

Toutefois, un narrateur peut et doit s’adresser au public. Il est le seul sur scène qui peut le faire. Le narrateur est aussi près de la salle que de la scène, et c’est lui qui fait le lien entre les deux. Sa position narrative exige de lui une proximité avec les spectateurs, contrairement aux comédiens sur la scène.

On pourrait croire que les monologues ou les apartés brisent le 4e mur, mais en fait, c’est plutôt le personnage qui se parle intérieurement. Cette technique constitue, elle aussi, une convention théâtrale.

Par ailleurs, en théâtre jeunesse, destiné aux enfants, on peut briser ce mur pour faire interagir ces derniers. Il faut stimuler les enfants pour attirer leur attention. Un public adulte, en revanche, n’a pas besoin d’une telle stimulation.

Briser le mur?

Il se peut qu’un groupe qui débute brise le 4e mur sans en être conscient – tout simplement parce qu’il n’en connait pas l’existence.

Il arrive toutefois que certains metteurs en scène cherchent volontairement à le briser, par exemple sur une scène éclatée, en théâtre de rue, etc. Dans ce cas, les comédiens s’adressent directement au public. Pour se lancer dans une telle aventure, il faut que l’action soit justifiée et faite intelligemment. Il faut aussi s’attendre à ce que le public soit déstabilisé.

En théâtre réaliste, on recherche l’effet d’identification: le comédien s’identife à son personnage, et les spectateurs s’identifient aux personnages incarnés sur la scène. En brisant le 4e mur, le comédien interrompt cet effet.

Personnellement, surtout si vous faites vos premiers pas en théâtre, je vous conseille de respecter le 4e mur afin de bien faire passer votre message. Lorsque je travaille avec les comédiens, je leur demande aussi de ne pas lancer des regards dans la salle (pour apercevoir papa ou maman, par exemple). Un regard qui se perd ainsi est toujours repéré par plusieurs, qui ne manquent pas de décrocher. Suivez mon conseil : concentrez-vous sur votre jeu. Portez toujours vos regards et votre attention sur l’action qui se passe sur scène, et le public en fera tout autant.

Dossier Mimes

Vous trouverez ci-dessous plusieurs mimes ainsi que des liens utiles. Nous serons heureuses d’avoir de vos nouvelles si ces ressources vous sont utiles!  Si des liens ne sont plus fonctionnels, ou si vous connaissez d’autres ressources qui mériteraient de figurer ci-dessous, n’hésitez pas à nous écrire: theatre.evangelique@gmail.com.

Dans nos pages

Autres ressources utiles

  • Un dossier intéressant : Transversalité des arts du mime et du geste
  • Mime info – Compilation d’ouvrages en français sur le mime.
  • Le geste, ce langage – Panorama de la tradition des mimes d’Orient et d’Occident (1962). Un petit cours d’histoire! (Un film de l’Institut national de l’Audiovisuel français)
  • Histoire du mime (dossier)
  • Comment mimer, sur wikihow
  • Sur YouTube vous trouverez des vidéos de mimes en spectacle, de techniques de mimes, etc. Faites votre recherche en français, en anglais ou en espagnol: vous dénicherez de petites perles!

Besoin d’exercice?

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Photo: Imagebase

Un jour que je me plaignais à Lorraine que mes jeunes comédiens n’étaient pas «dedans» durant les répétitions, elle m’a demandé s’ils «avaient du fun», comme on dit ici. J’ai dû reconnaitre que nos répétitions n’étaient pas très amusantes. Elle m’a rappelé l’importance du jeu… Je l’entends d’ailleurs me répéter : « Amusez-vous, amusez-vous, amusez-vous. »

Quand j’y repense, faire du théâtre, c’est jouer. Alors j’ai décidé de donner à mes répétitions une nouvelle tournure. Lorraine m’avait déjà initiée aux exercices de théâtre, j’en faisais régulièrement, mais mon équipe de comédiens n’avait pas vraiment de plaisir. Dès la rencontre suivante, j’ai proposé des exercices complètement fous… Résultat? L’ambiance s’est « dégelée », les jeunes ont ri, se sont détendus… et ont mieux joué.

Si vous incorporez déjà des exercices de théâtre dans vos répétitions, parfait! Sinon, commencez sans tarder! Vous verrez une grande différence, non seulement dans le jeu des comédiens, mais aussi dans leur disposition.

Lorraine a rédigé un article au sujet de l’importance des exercices de théâtre, dans notre rubrique Mise en scène. Voyez aussi la cinquantaine d’exercices qu’elle vous propose. Amusez-vous bien!

Voir aussi:
Enchainement rythmé: une étape essentielle

Méchant syndrome…

Par Chantal Bilodeau-Legendre

J’ai l’habitude de monter des pièces de mon cru, et je crois souffrir du « syndrome de l’auteure omnisciente ».

Les personnages que je crée sont toujours si vivants dans ma tête! Leur voix, leur « mentalité », même leur démarche – j’entends tout, je vois tout, je sais tout! Je n’ai qu’à dire à mes comédiens quoi faire! Je leur montre comment donner corps à ces créations de mon esprit. Je les guide presque pas à pas… Un peu trop, je pense.

En effet, en négligeant l’étape de l’étude de leurs personnages, je prive mes comédiens d’une réflexion préliminaire, essentielle au jeu dramatique sensible et intelligent. Oh! Je ne dis pas que mes comédiens jouent sans sensibilité ni intelligence! Non, mais ils n’explorent pas les personnages eux-mêmes, ils n’en font pas la connaissance eux-mêmes. Ils font ce que je leur dis (en règle générale) et, par conséquent, ils ont plus de difficulté à atteindre une interprétation naturelle, aisée, spontanée.

La traduction des articles de la série « Les cinq composantes de base de l’interprétation » m’aura été profitable à moi la première! Je vous les encourage à les lire et à les relire. Commencez par la première composante, RÉLÉCHIR. (La liste des articles apparait dans notre rubrique Interprétation.)

Si comme moi vous souffrez du syndrome de l’auteure omnisciente, je vous souhaite bonne guérison! 🙂