Par Chantal Bilodeau-Legendre
Les disciples sont désorientés. Jésus les avait pourtant prévenus, plus d’une fois même, mais ils n’ont pas écouté. Ils n’ont pas voulu comprendre en quoi consistait le plan divin, absorbés qu’ils étaient par leurs projets à eux – projets de règne et de gloire. Et les voilà : paralysés par la peur, ils se terrent, loin des assassins. Si on les cherchait, eux aussi?
Le Fils de Dieu a rendu l’esprit. « Tout est accompli! » a-t-il crié. Le laissera-t-on encore longtemps en spectacle aux moqueurs, cloué sur la croix? Qui lui donnera une sépulture décente?
Joseph d’Arimathée croit en Jésus, mais en secret, par peur de ses confrères. Cependant, c’est un homme bon et juste. Il prend le relais des disciples au moment même où la honte et le désespoir les assaillent. Il fait ce qu’aucun d’eux n’ose faire.
« Gouverneur, permets que je prenne le corps de Jésus afin de l’ensevelir. »
Drap de lin neuf. Trente kilos d’aromates, merci Nicodème. Solennels, Joseph et son ami descendent le corps de Jésus de la croix et l’enveloppent selon les rites juifs. Ils le déposent dans le tombeau de Joseph – car c’est le sien, et il n’a jamais servi. Ils roulent une grosse pierre devant l’entrée. Vite fait, car il est tard. Bien fait tout de même, car c’est le Maitre qu’ils viennent de mettre en terre.
Un sourire se dessine sur la face du Très-Haut. Il a bien voulu que son Fils meure, mais l’infamie de la croix a assez duré. Celle du tombeau ne se prolongera guère plus. Et tous ceux qui croyaient faire obstacle à sa volonté et à sa puissance seront couverts de confusion.
Un éclat de rire retentit. Rire victorieux, glorieux.
Jésus, le corps chaud, les veines bouillonnant de sang, quitte la pierre froide et l’obscurité du sépulcre. Sur son visage rayonne la joie triomphante de celui qui a vaincu la mort et qui plus jamais ne sera effleuré par elle.