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L’échéancier de production

Après avoir étudié la pièce et avant même de rencontrer les comédiens pour la première fois, le metteur en scène élabore un échéancier de production. Il s’agit en fait d’un calendrier où sont inscrites les diverses activités des comédiens durant les semaines à venir, de même que les dates prévues pour les livraisons techniques. Voici ce que l’échéancier de production pourrait inclure.

Voici un exemple:echeancier

L’italienne et l’étude des personnages

L’italienne est la lecture collective du texte sur un ton neutre, autour d’une table. (On peut en refaire aussi en cours de production.) Elle précède généralement l’étude des personnages, qui consiste en une réflexion et en un échange d’idées sur les différents personnages de la pièce.

Le travail de scène

Il faut prévoir un laps de temps réaliste pour le travail de chaque scène, quitte à travailler une longue scène en deux séances, ou à regrouper quelques petites scènes pour la même répétition. C’est l’étape de la construction et des essais : gestes, mouvements, déplacements, intonations. Il faut ainsi bâtir les scènes et avancer petit à petit de scène en scène.

On effectue de courts enchaînements à même le travail de scène. L’enchaînement est le collage rythmé d’une ou de plusieurs scènes travaillées. Si on ne termine pas une répétition par un enchaînement, le comédien reste avec une idée plutôt vague des déplacements appris.

Les enchaînements planifiés

En plus des courts enchaînements inclus dans les répétitions régulières, il faut inscrire des enchaînements de plusieurs scènes au calendrier. Ces grands enchaînements aident à fixer encore mieux les déplacements d’un bloc de scènes et donnent du rythme à tout le travail.

Voir auss: Enchainement rythmé: une étape essentielle

Les répétitions de réchauffement

Lors des pièces plutôt longues, le metteur en scène prend soin de prévoir dans son échéancier quelques répétitions de réchauffement. Il s’agit de rencontres qui permettent un retour en arrière sur les scènes déjà travaillées.

Les scènes à travailler

On se bute toujours sur ces scènes plus difficiles à bâtir! Le metteur en scène inclura donc quelques rencontres « au cas où » dans le calendrier pour les scènes à travailler, encore inconnues en début de production. On est toujours heureux de ne pas avoir à ajouter des répétitions supplémentaires vers la fin!

Les livraisons techniques

Il faut aussi noter les dates des livraisons techniques : accessoires, décors, costumes, éclairage, son, etc. Souvent, les accessoires sont nécessaires au début des répétitions, mais la plupart des autres éléments peuvent attendre plus tard, vers les derniers enchaînements. Informez les techniciens concernés de vos attentes. Ils apprécieront votre planification!

La générale technique

Lorsque l’aspect technique de la pièce est particulièrement important (éclairage, bruitage, musique, etc.), il est bon de prévoir une générale technique avant la générale régulière. À cette occasion, on s’attarde sur le déroulement de toute la technique, et le comédien devient accessoire.

La générale

On ne peut se passer d’une générale! Cette dernière rencontre avant la représentation est l’occasion de s’assurer que rien ne manque : accessoires, costumes, maquillage, trame sonore, coiffure, etc. Les comédiens jouent sans interruption, comme s’il y avait un public. Il vaut mieux prévoir une générale que de compter sur la première représentation pour régler tous les détails de dernière minute…

La représentation

Voilà enfin le jour « J », celui où l’on présente la pièce publiquement. Il est important que chacun arrive tôt (deux heures à l’avance), afin de bien se préparer, sur le plan spirituel autant que technique.

Vous trouverez ici un exemple d’échéancier de production.

Lorraine

Trois approches de mise en scène

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Voici en quelques lignes la description de trois approches courantes de la mise en scène.

Approche dirigiste

L’approche dirigiste est plutôt autoritaire. Le metteur en scène établit ses propres exigences dès le départ et sa vision du résultat à atteindre est très claire. Par conséquent, il fait peu de compromis et ne se laisse pas influencer par le groupe. Il tranche toutes les décisions, autant techniques qu’artistiques.

Cette approche peut être sécurisante et favorable avec des comédiens inexpérimentés ou avec des enfants. Elle peut même s’avérer nécessaire dans le cadre d’un programme d’école du dimanche, par exemple, ou lorsque le temps dévolu aux répétitions est très limité.

Approche distanciée

En utilisant l’approche distanciée, le metteur en scène conserve toute son objectivité face à la pièce. Il agit surtout à titre de conseiller et cherche à ne pas influencer l’évolution du groupe. Il laisse ce dernier prendre son orientation et intervient pour commenter sa progression.

L’approche distanciée peut s’avérer profitable auprès de comédiens expérimentés faisant preuve d’une grande maturité. Elle est surtout employée dans le cadre des créations collectives.

Approche médiane

L’approche médiane se situe à mi-chemin entre les deux précédentes. Elle favorise la collaboration du groupe tout en conférant une pleine autorité au metteur en scène. Celui-ci a une vision très claire de la pièce, mais il choisit de la transformer au contact des comédiens et des techniciens. Le metteur en scène suscite des échanges au sein du groupe, tout en se réservant le dernier mot.

Cette approche génère un bon dynamisme, car elle met à profit les idées de tous. On l’emploie surtout avec un groupe ayant un minimum d’expérience, capable de bien fonctionner et faisant preuve de maturité.

Lorraine

Les aires de jeu

Les aires de jeu sont les endroits du plateau où les comédiens effectuent les jeux de scène. En général, on distingue une aire principale et des aires secondaires, de même qu’un point chaud.

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Aire principale

L’aire principale est le lieu où les comédiens concentrent leurs déplacements. Ils y jouent la plupart des scènes, mais pas nécessairement les plus marquantes. On y retrouve le décor principal. Cette aire la plus fréquentée se situe souvent au centre de la scène, d’où elle offre une bonne visibilité.

Aires secondaires

Certains jeux de scène plutôt distincts ou plus intenses doivent s’effectuer ailleurs que dans l’aire principale, car l’ambiance de cette dernière est trop commune à plusieurs scènes. Pour susciter un climat différent, on exploitera une ou plusieurs aires secondaires. Celles-ci sont souvent retirées vers les côtés afin que le spectateur puisse bien les distinguer de l’atmosphère générale de la pièce. L’échange de confidences, un monologue, une prière, présentent un caractère particulier. Jouées à l’écart, de telles scènes ressortiront davantage. D’habitude, on trouve dans chacune des aires secondaires au moins un accessoire ou un élément de décor.

Point chaud

Le point chaud se situe au centre, à l’avant-scène, donc plus près du public. Cet endroit est privilégié : lieu d’intimité, il est propice aux confidences. C’est l’endroit des cris du cœur, des aveux, des remises en question, des grandes vérités. Le point culminant de l’intrigue survient généralement au point chaud. On veillera à ne pas surexploiter cet endroit mais à lui conserver sa vocation de « révélation ».

Voir aussi Jardin ou cour?

Lorraine

 

Jardin ou cour?

Au théâtre, on emploie les termes jardin et cour pour définir les aires de jeu. Cette convention remonte à l’époque du roi Louis XIV (1643-1715) qui assistait aux spectacles de théâtre dans une salle située entre le jardin des Tuileries et la cour du Palais royal. Par conséquent, royauté oblige, la désignation se fait par rapport au roi assis dans la salle.

Petit truc

Pour se le rappeler, on imagine le nom « Jésus-Christ » en grosses lettres sur la scène : le J (pour Jésus et Jardin) est toujours à gauche et le C (pour Christ et Cour), toujours à droite. (Ce truc mnémotechnique prévaut dans tout le milieu théâtral.) Quant au comédien se trouvant sur scène face au public, il peut se rappeler que le côté cour est à sa gauche en se disant « côté cour/côté cœur ».

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Les deux extrémités du plateau étant ainsi identifiées, on peut décrire plus aisément les aires de jeu et les déplacements, que l’on soit dans la salle ou sur la scène. En effet, si le metteur en scène dit simplement au comédien « Va à gauche » ou « Sors à droite », il risque de créer de la confusion, selon que le comédien est placé de face, de dos ou de côté par rapport au public.

Dans le sens de l’écriture

De façon traditionnelle, les mouvements principaux des personnages s’exécutent surtout de gauche à droite pour le spectateur qui regarde – c’est-à-dire du côté jardin vers le côté cour. Sur la majorité des scènes et dans la plupart des pièces de théâtre, les entrées et sorties principales se trouvent côté jardin. Les entrées et sorties secondaires s’exécutent côté cour ou à l’arrière. Pourquoi? Il semble qu’il y ait un lien étroit entre notre façon d’aborder un récit de théâtre et le sens de notre écriture, du moins en Occident.

S’il s’agit d’une orientation souvent logique pour le spectateur, on pourra prendre plaisir à le surprendre en variant entrées et sorties.

Nous vous suggérons de lire aussi Les aires de jeu.

Lorraine