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Types d’espaces de jeu

On peut faire du théâtre n’importe où : sur une estrade, à l’église, dans un gymnase, en pleine rue, dans un parc, dans une salle moderne équipée d’un système de son et de projecteurs dernier cri… Une troupe aura du plaisir à s’adapter à toutes sortes d’espaces de jeu. Mais il faut retenir une chose : le bon théâtre évangélique ne dépend pas d’un lieu physique, mais plutôt des hommes et des femmes qui le préparent, dans la prière, avec les moyens que le Seigneur leur a donnés.

Néanmoins, il est intéressant de connaître les espaces de jeu possibles et les avantages de chacun.

La scène conventionnelle

scene-conventionnelleLa scène conventionnelle, aussi appelée scène à l’italienne, est la plus fréquente. Elle ressemble à une boîte rectangulaire surélevée à trois côtés – la partie avant forme le « quatrième mur » et consiste en une barrière psychologique entre le public et la scène. On la rencontre souvent dans les salles de spectacles et les écoles.

On a inventé ce genre de scène pour cacher les coulisses, les changements de décor, ainsi que les entrées et les sorties des comédiens. Il est simple d’y concevoir des décors puisque le spectateur se trouve toujours face à la scène.

La scène en rond

scene-en-rondLa scène en rond (ou arène), la plus ancienne, est ouverte à 360 degrés. Les comédiens jouent au centre, tandis que les spectateurs prennent place tout autour. Cet espace est celui de la rue et des places publiques. Les décors y sont souvent inexistants ou simplement symboliques : quelques accessoires, un arbre, un banc.

La scène en rond impose toutefois certaines contraintes aux comédiens : pas de coulisses, impossible de ne jamais tourner le dos aux spectateurs, entrées et sorties sous les yeux du public.

L’amphithéâtre

L’amphithéâtre (ou théâtre grec) remonte à plusieurs siècles. Cette scène surélevée, dont les trois côtés avant sont occupés par les spectateurs, offre à ces derniers une excellente visibilité.

amphitheatreDans un amphithéâtre, la grande partie des décors se trouve plutôt à l’arrière de la scène, l’avant-scène ne comportant que quelques éléments. On retrouve des amphithéâtres dans certaines grandes salles et parfois aussi en plein air.

Espace éclaté

Nous parlons d’espace éclaté lorsque toute frontière est abolie : la scène et la salle se confondent en un même lieu. Ce type de scène peut se trouver en plein air, ou même dans une grande salle ou un gymnase.

L’espace éclaté n’implique pas nécessairement un contact direct entre les comédiens et les spectateurs. Il est possible d’y exploiter des jeux forts originaux, tout en conservant une distance psychologique par rapport au public. Par exemple, des personnages dispersés parmi le public « entrent » et « sortent » de façon inattendue; ils s’interpellent d’un bout à l’autre de l’espace de jeu, leur voix planant au-dessus des têtes; ils évoluent en faisant abstraction du public. En général, les spectateurs prennent plaisir à ces surprises, puisque l’action se déroule tout autour d’eux.

Vous avez déjà certainement vos contraintes et vos préférences. Que l’espace dont vous disposez soit vaste et bien pourvu, ou au contraire restreint et peu pratique, exploitez-le avec reconnaissance. Relevez le défi de faire du théâtre créatif là où le Seigneur vous conduit. En toutes choses, glorifiez-le avec l’ouvrage de vos mains!

Voir aussi:
Styles de théâtre et décor
Aires de jeu
Jardin ou cour?
Conseils pour le théâtre de rue

 

 

 

 

 

 

Les positions sur la scène

Pour mieux décrire certaines positions des personnages sur la scène et aussi pour faciliter la communication entre le metteur en scène et les comédiens, quelques positions de base ont été établies. Il est plus facile de dire « Place-toi de trois-quarts » que « Place-toi comme ça de côté, non pas trop, tourne-toi un peu, là. »

Les positions énumérées ci-après sont des points de référence et ne doivent surtout pas servir de carcan. En effet, les comédiens doivent se déplacer avec aisance et naturel. Les positions figées et les mouvements mécaniques n’appuient pas le jeu naturel.

Face au public

avantLa position face n’est certainement pas une position naturelle pour donner une réplique à un autre compagnon de scène : c’est comme si le comédien s’adressait au  mur de son salon – car il existe un « mur », imaginaire, qui vous sépare de la salle. Réservons la position face à une narration s’adressant directement au public, ou encore aux monologues ou à des jeux de scènes particuliers, comme les apartés.

Un-quart

un-quart1La position un-quart est la plus fréquente durant une discussion ou un débat entre deux personnages. Le corps est légèrement tourné vers le public et un pied est parallèle au mur du fond de la scène. Grâce à cette position, le comédien demeure bien visible et il est en mesure de bien projeter sa voix vers la salle.

Profil

profil1Le profil convient aux dialogues plus intenses, car ainsi les personnages se trouvent face à face. Il faut toutefois veiller à maintenir le visage dirigé légèrement vers la salle, où la voix doit se projeter.

Trois-quarts

 

trois-quart1

Dans la position trois-quarts, le comédien tourne presque le dos au public. Cette position peut servir à marquer la fin d’un dialogue, lorsqu’on cède la parole à l’autre, ou quand on sort de scène. Le comédien peut aussi se placer de trois-quarts pour produire un effet particulier, comme un retrait volontaire pendant une conversation. Ici plus que jamais, il faut veiller à ce que la voix ne se perde pas dans les décors ou les coulisses. On doit entendre jusqu’au fond de la salle! Vous devrez donc tourner la légèrement la tête pour lancer vos répliques.

Dos

dos1La position de dos est plutôt rare. Il s’agit de tourner entièrement le dos et le visage au public. On prend cette position pour créer des effets particuliers ou pour exprimer du mécontentement, de la colère ou de l’indifférence. Le dos peut aussi servir à représenter un retrait symbolique de la scène. Attention : ne jamais parler lorsqu’on a le dos tourné au public.

Voir aussi:
Jardin ou cour?
Les aires de jeu
Le cahier de régie

Lorraine

 

Le superobjectif et la ligne d’action principale

Le théâtre est porteur de messages. Et chaque message, s’il est bien conçu, ne devrait conduire que vers un seul but, n’avoir qu’un seul grand objectif – un superobjectif. De façon générale, le superobjectif d’une pièce est son thème principal. Dans le théâtre à messages, comme le nôtre, le superobjectif devient le message même que nous désirons transmettre aux spectateurs. C’est lui qui assurera la cohésion et la cohérence des divers éléments de la pièce.

Le courant des objectifs mineurs indépendants, toutes les inventions, les pensées, les sentiments et les actions de l’acteur doivent converger vers le superobjectif de la pièce. Le lien commun entre eux doit être si fort que même le détail le plus insignifiant, s’il se trouve sans rapport avec le superobjectif, paraîtra faux ou inutile.*

Les objectifs des personnages (voir Trouver l’objectif de son personnage) s’incorporant les uns dans les autres, ils tracent le chemin du superobjectif. De même, tous les langages techniques – son, éclairage, costumes, accessoires, etc. – ne serviront qu’un seul but. Ils devront donc être conçus en conséquence.

Comment trouver le superobjectif?

De toute évidence, le metteur en scène doit étudier la pièce sous toutes ses coutures s’il désire connaître son message central. Il doit se demander : « Qu’est-ce que je veux que les spectateurs aient retenu de la pièce à la fin de la présentation? » Bien souvent, la réponse à cette question, une courte phrase, permet de cerner le superobjectif.

Illustration

Pour la pièce La Perle, nous avons formulé ainsi le superobjectif : « Jésus offre le trésor le plus précieux. » Ce message central devient, en quelque sorte, l’étendard du projet – ce vers quoi devront converger tous les efforts des comédiens de même que les éléments techniques.

Schématisons tous les petits segments de la pièce : les objectifs, les mouvements des comédiens, les effets sonores, l’éclairage, le décor, les costumes. Nous obtenons ainsi une ligne d’action principale.

Trois possibilités s’offrent au metteur en scène.

1. Ligne d’action où les objectifs n’ont pas été déterminés en fonction d’un même but. Chaque segment vise une direction différente. Chacun peut être excellent en soi, mais ils « sortent » de l’histoire. Ça ne va pas!

ligne-2

2. Ligne d’action dirigée vers un but unique, mais où l’on a introduit des thèmes supplémentaires. Ainsi disloqués, les éléments se trouvent détournés de leur direction principale. Il reste encore du travail à faire!

ligne-3

3. Voici une ligne d’action principale bien bâtie, où tous les segments pointent vers le même but et se confondent dans un même courant. Excellent! La cohésion de toute la pièce est assurée!

ligne-11

Le mot de la fin…

Si vous jouez sans vous occuper de la ligne d’action principale, lui dis-je, vous ne faites qu’exécuter une série d’exercices incohérents qui ne suffisent pas à créer le rôle. Vous avez négligé un fait important : tous ces exercices ont pour but de déterminer une ligne de force essentielle. C’est pourquoi les très beaux passages de votre rôle n’ont produit aucun effet. Des fragments de statue ne peuvent prétendre être une œuvre d’art.*

Lorraine


* La formation de l’acteur, Constantin Stanislavski, comédien, metteur en scène et professeur d’art dramatique russe (1863-1938)

Le cahier de régie

– Lulu, où dois-tu te placer au début de l’Acte 2?
– Euh… j’ai oublié… Près de la porte?
– Hmmm, il me semble que tu dois être déjà assise sur le sofa.
– Non, ça c’est à la fin de la scène 1!
– Mais non, voyons! Zut… À moins que… Non… Dites, les autres, y a quelqu’un qui se rappelle où Lulu devait se placer au début de l’Acte 2?

Frustrations, pertes de temps, insécurité pour tout le monde. Il y a tellement de déplacements à garder en mémoire! Bien sûr, si tous les comédiens pouvaient toujours se rappeler ce que vous leur montrez! Si seulement ils prenaient des notes, hein? Prendre des notes? Parlons-en, justement!

Le cahier de régie se compare au GPS de l’exploreur, à la maquette de l’architecte, au plan du menuisier. Il est INDISPENSABLE. Ce cahier se compose de deux parties importantes : la plantation de scène et le texte de la pièce.

plantation-de-scene

Concevoir votre cahier de régie est tout simple. Ayez d’abord en mains le texte de la pièce, copié seulement sur le recto des feuilles. Au verso de chaque page, reproduisez le schéma des principaux emplacements du plateau ainsi que des entrées et sorties – c’est ce qu’on appelle la plantation de scène. Ensuite, sur chacun de ces schémas, dessinez à l’encre les éléments de décor fixes : un carré pour la table, des demi-cercles pour les chaises, etc. Placez toutes les feuilles dans une reliure à anneaux.

En ouvrant votre cahier de régie, que voyez-vous? Un schéma à gauche et le texte à droite. Au fil du travail de scène, consignez au crayon, sur le schéma, les déplacements des comédiens en fonction du texte à droite. À l’aide de flèches numérotées, schématisez les mouvements de chacun d’un point à un autre. (Identifiez les flèches avec les initiales des comédiens correspondants, pour mieux vous y retrouver.) À chaque nouvelle page, reprenez là où vous vous êtes arrêté à la page précédente.

Avantages nombreux!

Les avantages d’un cahier de régie sont nombreux…

♦ Il vous facilite la tâche lorsque vient le temps de revenir sur des scènes déjà travaillées.

♦ Il vous aide à visualiser le plateau – si l’équilibre fait défaut (tout le monde joue du même côté, par exemple), le cahier de régie vous le montre.

♦ Il vous permet de constater les faiblesses quant aux jeux de scène – manque de variété, jeu statique, etc.

♦ Il devient un guide visuel pour les techniciens de son et d’éclairage, puisqu’il les aide à repérer les jeux de scène nécessitant des effets techniques particuliers.

♦ Il sera heureux de communiquer à votre remplaçant, lorsque nécessaire, tout le travail que les comédiens ont accompli!

Consignez les jeux de scène à l’avance!

Le cahier de régie comporte un autre avantage non négligeable : il permet d’alimenter les idées du metteur en scène.

Avant une répétition, ouvrez votre cahier de régie et lisez plusieurs fois la scène à travailler. Faites-vous une idée personnelle de ce segment du texte. Considérez une à une les répliques et interrogez-vous : « Par où Grand-mère devrait-elle entrer? Comment Renommée devrait-elle se placer pour dire telle réplique? Quelle position doivent-ils prendre? » Pas à pas, tracez au crayon le schéma de leurs déplacements sur votre plantation de scène. En marge du texte, inscrivez les mouvements utiles ainsi que les effets techniques que vous trouvez intéressants (se penche, croise les bras… spot bleu nuit… effet sonore…). Quand toute la scène est bien claire dans votre esprit et sur le papier, vous êtes prêt à rencontrer les comédiens!

Comme tout a été écrit au crayon, vous pourrez modifier des choses en cours de route. Cependant, le gros du travail est fait. Moins de pertes de temps en perspective!

Pour que les répétitions soient profitables, le metteur en scène doit avoir une longueur d’avance sur les comédiens. Chacun fait ses devoirs : les comédiens mémorisent leur texte à la maison, le metteur en scène « schématise » leurs déplacements à l’avance. Aux répétitions, ils fusionnent paroles et mouvements.

Vous trouverez ici un exemple de cahier de régie.

Voyez aussi:
♦ Jardin ou cour?
♦ Les aires de jeu
♦ Les positions sur la scène

Lorraine

 

Les divisions d’une pièce

Une pièce se divise en tableaux, en actes et en scènes. Le découpage d’une pièce en facilite la lecture, l’étude et la réalisation. Si un metteur en scène travaille avec une pièce ou un sketch que l’auteur n’a pas divisée, il devrait le faire lui-même avant de commencer son travail avec la troupe.

Photo de Morgan Harris sur Unsplash

Tableau

Le tableau est une division marquée par un changement de lieu et de décor. Il peut contenir plusieurs actes et plusieurs scènes. D’habitude, les sketches ne comportent qu’un seul tableau. Même chose pour les pièces de courte durée. (Un changement de tableau doit être justifié, c’est-à-dire qu’il doit appuyer le message clé de la pièce. Des changements de décor trop fréquents essoufflent non seulement les techniciens, mais aussi les spectateurs, qui risquent de se demander à quoi servent tous ces « déménagements » et ces interruptions du récit.)

Acte

De façon traditionnelle, un acte se caractérise par une unité de lieu ou de temps. Le passage d’un acte à l’autre correspond donc à un jalon important du récit de théâtre.

Scène

Les scènes sont les subdivisions de l’acte. De façon traditionnelle, une scène est marquée par l’entrée ou la sortie des personnages. Les scènes correspondent à de petites histoires à l’intérieur de la grande histoire.

Trouvez des titres!

Voici un petit conseil pour les metteurs en scène: essayez de trouver un titre pour chaque acte et chaque scène. Un titre devrait être bref et bien résumer le contenu de l’acte ou de la scène. En titrant ainsi les divisions de la pièce, vous aiderez les comédiens à mieux saisir la progression de l’intrigue et à situer l’importance de telle ou telle scène dans l’ensemble du récit.

L’équipe TE