Le décor dépend des exigences du metteur en scène et de la créativité du responsable du décor. Par conséquent, ce dernier aura intérêt à faire des recherches soigneuses dans divers ouvrages de référence ou sur internet. Selon le contenu de la pièce, il se documentera sur l’intérieur des maisons du début du siècle, sur les paysages des lieux bibliques, etc. Avant de passer à la confection proprement dite, il fera des croquis ou des maquettes pour les présenter au metteur en scène.
Retenez bien ceci : ce qui est inutile est toujours de trop. Il est donc essentiel de s’interroger au moment de concevoir le décor : « Cet élément est-il nécessaire? Va-t-il ajouter quelque chose à l’histoire? » Des bibelots qui ne sont là que pour « faire joli », des cadres ne servant qu’à boucher des trous, voilà des détails qui risquent de détourner inutilement l’attention du spectateur. Par contre, une lampe éteinte peut sembler inutile à première vue, pourtant elle indiquera au public que l’action se passe de jour; quelques objets précieux serviront à souligner l’opulence d’un personnage.
Bien entendu, le décor dépend de l’époque et du lieu où se déroule la pièce, mais aussi du genre de théâtre que l’on fait. Ainsi, le théâtre de rue requiert des éléments à la fois simples, symboliques, faciles à transporter et à assembler. Si on joue dans une salle, on pourra élaborer un décor plus sophistiqué.
Un décor prétentieux révèle souvent une trop grande pauvreté de jeu chez les comédiens, tandis qu’un décor simple, mais bien pensé, soutient leur jeu. Sachez être sobre, tout en demeurant efficace!
Les styles de théâtre
Il existe plus d’un style de théâtre, nous vous en proposons quatre, déjà reconnus comme des classiques. Chacun de ces styles influe forcément sur la conception des décors.
Le naturalisme
Le théâtre naturaliste, aussi appelé « hyperréalisme », reproduit la réalité de façon extrême. On y grossit tout, comme à la loupe. Le naturalisme ne présente aux spectateurs que la vérité sur la scène. On fuit toute imitation. Le public assiste donc à une véritable peinture de la vie (certains vont même jusqu’à acheter de véritables quartiers de bœuf pour faire le décor d’une boucherie, ou encore à déménager une vraie cuisine sur la scène.)
Le réalisme
Le mot est trompeur, car le théâtre réaliste donne plutôt «l’illusion » de la réalité : on fait exactement comme si tout était réel. Toutefois, le réalisme n’est pas la réalité, il l’imite seulement : paysage en trompe-l’œil, fenêtres avec perspective, arbres et rochers en papier mâché, boiseries et meubles peints. Les fantaisies sont permises dans la mesure où elles simulent la réalité, afin de créer une ambiance. En théâtre réaliste, on croit qu’une reproduction trop fidèle de la réalité (comme dans le naturalisme) risque de nuire au jeu théâtral.
Le symbolisme
Le symbolisme exploite surtout les sentiments et les pensées, les figures et les formes pour communiquer un message. Il évoque plutôt que de copier.
Le théâtre symboliste s’oppose au réalisme et au naturalisme, puisqu’il utilise des symboles pour suggérer la réalité. Quelques éléments au milieu d’une scène nue peuvent représenter un niveau social, un état d’esprit. Des barreaux deviennent une prison, une chaire tient lieu de tribunal, une véritable échelle illustre les échelons de la société. Un morceau de tissu, une couleur, un accessoire central peuvent servir à développer tout le thème de la pièce.
Le modernisme
Le théâtre moderniste est le monde de l’abstrait, du temps irréel, de l’espace sans limite. Le modernisme permet beaucoup de fantaisie : il nous transporte à une autre époque, nous plonge dans un lieu virtuel. Il exploite la technique (diaporamas, vidéos, bruitage, etc.), et les comédiens peuvent produire eux-mêmes des effets spéciaux, à la vue du public.
En modernisme, on peut supprimer la séparation imaginaire salle/scène qui caractérise le réalisme et le naturalisme. On peut aussi faire éclater l’aire de jeu proprement dite et occuper la salle entière. On surprend le spectateur, l’intégrant même à la pièce. Le décor peut consister en accessoires, meubles, poutres, portes et fenêtres suspendues dans le vide, etc. Le théâtre moderniste ne connaît de limites que celles de l’imagination!
Bien souvent, nous privilégions de façon naturelle un style de théâtre plutôt qu’un autre. Mais il est intéressant, et même amusant, de toucher à un peu de tout et de combiner les possibilités.
♦ Voici deux exemples simples de panneaux pour les entrées et les sorties de scène.
♦ Jetez un coup d’oeil aux toiles de Pascal LeCossec ici, ici et là.
♦ Vous trouverez surement des idées sur Church Stage Design Ideas.
L’équipe TE