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Que serait Noël sans Pâques?

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Avec Noël, Pâques est la fête religieuse la plus soulignée du milieu évangélique. Parce que Jésus est ressuscité, ses disciples ont bouleversé le monde, comme on le lit dans le livre des Actes. Plus encore, sans la réalité que Pâques souligne (Christ est vivant!), Noël n’aurait aucun sens. À quoi bon célébrer la naissance d’un homme qui prétendait donner la vie mais serait resté prisonnier de la mort? Mais voilà, Jésus a vaincu la mort, et ça change tout!

Les évangiles contiennent tant de richesses à ce sujet! Tant d’émotions sont évoquées: à l’angoisse et à la tristesse succèdent l’horreur, l’indignation et un profond chagrin, qui cède ensuite la place à l’émerveillement et à une joie débordante. Non mais, quel scénario! Trahison, reniement, humiliation, torture, souffrances, amour, pardon et un retour… un retour à la vie qui vient changer la « donne » pour les ennemis! Seuls Matthieu et Luc mentionnent la naissance de Jésus, mais les quatre évangélistes relatent sa mort et sa résurrection. Avec force détails. Alors, ne devrait-on pas parler deux fois plus de Pâques que de Noël?

Pourtant, les ressources théâtrales n’abondent pas pour cette fête. Si Noël se prête à toutes sortes de comédies musicales et saynètes, il n’en est pas de même pour Pâques. Il semble plus facile de mettre en scène l’histoire d’une naissance et des miracles l’ayant entourée, que de relater les événements sombres menant à la mort d’un innocent…

Bon, c’est une invitation plus ou moins directe à faire quelque chose pour combler cette lacune dans le milieu du théâtre évangélique! Notre dossier Pâques contient diverses ressoures, mais nous serions heureuses de l’enrichir!

Quelles sont vos contraintes?

Par Chantal Bilodeau-Legendre

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Merci à Nellie Chouinard pour la photo!

Samedi dernier, la Communauté chrétienne des Deux-Rives a célébré la fête de Pâques en relatant en cinq tableaux la Passion de Jésus. Pendant une heure, les murs de la vieille église anglicane St-Michael, à Québec, ont vibré au son des pièces musicales et des chants tantôt festifs, tantôt lancinants, qui ont ponctué la lecture de textes choisis dans les évangiles.

Des narrations dynamiques et sensibles. Des chants tirés de notre répertoire évangélique mais aussi d’autres du répertoire juif, interprétés avec brio en hébreu. Des pièces musicales émouvantes et évocatrices. Des éléments visuels sobres servant à illustrer les événements relatés. Le tout orchestré avec une grande fluidité.

Il faut savoir que la petite église anglicane, louée pour l’occasion, est vraiment… petite. Les vitraux offrent un éclairage magnifique. Les murs ornés de plaques souvenir nous plongent dans le passé. Les boiseries patinées murmurent chacune un brin d’histoire. Cette chapelle appartient au patrimoine religieux de la ville. Mais elle n’est pas du tout conçue pour y faire du théâtre!

En effet, le devant de la salle, une fois les musiciens installés avec leurs instruments (et il faut compter le piano à queue!), ne laisse pas grand place aux comédiens! Ceux-ci peuvent évoluer un peu (mais pas tant que ça!) dans la partie antérieure, après avoir gravi les quelques marches qui mènent à l’autel. Quant aux narrateurs, ils doivent s’installer au même niveau que les spectateurs! Et puis, les balustrades gênent un peu la vue… Bref, on est plutôt serrés.

Et puis après? Là réside le défi! Faire du théâtre dans un lieu exigu (ou sans système de son ou d’éclairage, ou sans acoustique convenable, peu importe!) est une contrainte stimulante, à mon avis.

Car à quoi servent la scène, l’éclairage, la sono, sinon à appuyer un message? Or, il faut d’abord focaliser sur le message, et ensuite trouver des moyens originaux de l’exploiter, dans la cadre des limites qui nous sont imposées.

Merci à Nellie Chouinard pour la photo!

Dans le cas de la Communauté chrétienne des Deux Rives, le message était clair : présenter les événements principaux de la dernière semaine de Jésus, par la narration de textes sélectionnés avec soin. Les responsables ont bâti leur programme autour de ce message, tirant profit des installations charmantes, bien que peu pratiques, dont ils disposaient. Alliant originalité et simplicité, ils ont su émouvoir le public en communiquant leur message.

Il arrive que des gens se contentent d’un texte de théâtre médiocre, ou décousu, mais qu’ils déploient de grands efforts pour offrir au public un spectacle époustouflant sur le plan visuel ou sonore. C’est comme offrir en cadeau une boîte vide, avec l’intention que l’emballage même soit le cadeau… Mais une fois celui-ci ôté, déchiré, que reste-t-il? Du vide.

Dans le monde du théâtre évangélique, nous avons à notre disposition une riche collection de thèmes à exploiter, à commencer par ceux de la Bible même. Il faut savoir rédiger notre message avec réflexion, comme si on choisissait un présent pour un être aimé. Ensuite on se préoccupe de l’emballage : discret, fantaisiste, élégant, humoristique… Le « contenant » dépendra de nos moyens, mais surtout du « contenu », et non l’inverse.

Dieu est le Grand Créateur et la source de toute créativité. Et je crois qu’il prend plaisir à voir ses enfants déployer des efforts de créativité pour annoncer son message avec distinction malgré les contraintes matérielles qui, à première vue, semblent les limiter.

Et vous, quelles sont vos contraintes? De quelle manière les avez-vous déjà surmontées, pour communiquer votre message?

Voir aussi:
Les langages de théâtre
Passera, passera pas?