Le cabotinage

Bob donne un coup de coude à son voisin.

– Hé, Max! T’as vu le soldat qui vient de foncer sur la colonne?
– Euh non… Je regardais Jésus…
– Non, mais, regarde-le : il trébuche devant Pilate!

On entend des rires étouffés dans la salle.

– Quel comique, ce type!
– T’as raison, Bob! Tombera… tombera pas… tombera… Ouf!
– Tordant!
– Euh… où il est rendu, Jésus? Il est sorti? J’en ai manqué un bout, moi!

Après la pièce :

– Franchement, celui qui a joué le soldat était génial!

Trouvez l’erreur.

Photo de Bernard Hermant sur Unsplash.com

La troupe a travaillé pendant trois mois pour présenter les derniers événements de la vie de Jésus. Le superobjectif de la pièce, « Jésus a donné sa vie pour nous sauver », était pourtant clair pour tous les comédiens. Malheureusement, les pitreries d’un seul ont fait dévier la flèche de son but.

Le cabotinage, parfois appelé flirt avec le public, consiste à « voler la vedette », à attirer sur soi, de façon volontaire, l’attention du public, au détriment de ses compagnons de scène. Le cabotinage est à l’antipode de la générosité, qualité importante à cultiver quand on est comédien.

Le cabotinage : à proscrire!

Si sa réplique ou son entrée en scène est drôle et qu’il sent le public y réagir, le comédien doit éviter d’en rajouter pour augmenter ou prolonger les rires. Si un autre est en train de dire sa réplique, il ne cherchera pas à attirer les regards sur lui-même. Plusieurs tombent dans ce piège des « minutes de gloire ». Gardez à l’esprit que la pièce est un travail d’équipe. Un joueur de basket-ball n’aurait jamais l’idée de faire une passe dans les gradins! Pourtant, c’est justement ce que fait le comédien qui cherche à amuser l’auditoire. Chaque équipier doit être entier à son équipe.

Il est important de comprendre que le cabotinage a pour effet de détourner l’attention de l’action qui se passe au même moment sur scène. Le spectateur devra nécessairement choisir entre observer les drôleries du cabotin et regarder la scène importante qui l’aidera à comprendre la progression de l’histoire. Trop souvent, hélas, les drôleries l’emportent.

Sur la scène – comme dans la vie d’ailleurs – il ne faut pas chercher à supplanter qui que ce soit, mais plutôt agir avec simplicité, humilité et générosité.

Lorraine

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