L’air qui porte la flèche (ou: L’importance du silence)

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Dans l’article Le silence, Lorraine développe l’importance d’exploiter les silences à bon escient sur la scène. On n’insistera jamais assez là-dessus! Voici une illustration de la force du silence.

Imaginez la scène. Jésus entre dans la cour du Temple. Un groupe d’élèves s’assemble autour de lui. Il s’assoit et se met à enseigner. Tous boivent ses paroles. L’un ou l’autre pose une question, ou répond à celles du Maître. Le sujet de la leçon? Seule la classe le sait.

Soudain, un brouhaha interrompt la leçon. Des chefs religieux arrivent en trombe, traînant une femme aux vêtements en désordre et au regard affolé. Ils l’ont surprise avec un homme qui n’est pas son mari, et ils ont juré sa perte.

– Maître, la Loi de Moïse nous ordonne de tuer à coups de pierres ce genre de femmes. Et toi, quel est ton jugement là-dessus?

Jean, l’auteur du récit, indique le motif de leur geste : piéger Jésus. Trouver une raison pour l’accuser. La femme n’est qu’un prétexte. Mais les accusateurs ne savent pas qu’il sait. Les élèves de Jésus non plus, et ils observent.

En guise de réponse, Jésus garde le silence. Son regard passe de l’un à l’autre de ces bien-pensants qui, une proie tremblante à leurs pieds, exigent ni plus ni moins qu’il la condamne – ou se condamne lui-même, c’est selon. Le silence de Jésus pèse lourd.

Et voilà qu’il se penche et se met à écrire sur le sable!

La classe est en suspens. Les chefs religieux sont en suspens. La femme est en suspens. Tout le monde attend. Jésus écrit et le temps passe… L’attention n’est plus sur la femme et sa faute, ni même sur la question posée, mais sur Jésus, penché.

Puis il se redresse et lance : « Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre. » Il ne regarde personne, car il se penche de nouveau et se remet à écrire.

Et lentement, l’un après l’autre, les accusateurs se retirent, des plus vieux aux plus jeunes.

Le silence de Jésus a d’abord préparé la cible – le cœur des bien-pensants – à recevoir une flèche. Dans ce premier silence, les hommes, intrigués, ont porté toute leur attention sur Jésus. Pourquoi n’est-il pas pressé de leur répondre? Et puis, qu’est-ce qu’il est en train d’écrire par terre?

Ensuite, cette flèche de Jésus, bien acérée. Décochée juste avant un silence et transportée par un silence, elle s’enfonce au cœur de la cible. Au cœur du cœur des accusateurs. Et c’est dans le silence que ces derniers réfléchissent et que leur conscience elle-même est accusée.

Tant de silences dans toute cette scène! Car il y a aussi celui de la femme qui entend et qui attend, tendue… Un long silence chargé du bruissement des tuniques, du glissement des sandales sur le sol, des murmures contenus, peut-être. Et puis, on perçoit le silence de la classe de Jésus. Les élèves assistent au mutisme de leur Maître et au tir d’une flèche, qui fait mouche. L’atmosphère est chargée de tension… et d’attention.

Puis, le silence se rompt de nouveau. Jésus interroge la principale intéressée.

– Eh bien, où sont donc passés ceux qui t’accusaient? Personne ne t’a condamnée?

Je la soupçonne d’avoir regardé tout autour d’elle, sans un mot, avant de répondre : « Personne, Seigneur. »

Jésus prononce alors ces paroles de délivrance : « Je ne te condamne pas non plus. Va, mais désormais, ne pèche plus. » Je doute que la femme ait tourné les talons aussitôt pour rentrer chez elle à toute vitesse! Elle a pris le temps d’assimiler le message. Peut-être même s’est-elle prosternée aux pieds de Jésus et l’a-t-elle remercié du regard, le visage ruisselant. Puis elle est repartie, le cœur déchargé et la tête haute. Changée pour toujours.

Les élèves n’ont rien manqué de cette brève conversation. Puis, Jésus reprend la leçon. Peut-être que ce jour-là, dans la cour du Temple, la leçon portait justement sur la miséricorde de Dieu,

La flèche de Jésus a été efficace grâce au silence qui l’a portée.

De même, les paroles que Dieu m’adresse auront leur effet dans le silence avec lequel je les reçois. Car c’est dans le silence que la réflexion germe et croît.


Le récit de la femme surprise en flagrant délit d’adultère se trouve en Jean 8.1-11.

Au sujet de ce passage, voir aussi:
♦  Jésus et la femme adultère: Démarche pour une mise en scène
♦  Jésus libère de la condamnation – Pièce de théâtre

 

 

 

 

2 réflexions sur « L’air qui porte la flèche (ou: L’importance du silence) »

  1. Félicitation pour votre site.
    Que de générosité de votre part de partager votre expérience et le fruit de votre travail.
    Faire vivre ou revivre des personnages sur scène est une façon vivante d’évangéliser et d’enseigner.
    Merci à vous deux pour le coeur et le temps que vous y mettez.
    Par dessus tout, Merci à notre Roi d’avoir susciter en vous le vouloir et le faire.
    Ma prière à Lui pour vous c’est qu’Il vous comble de se grâce et de tous ses bienfaits.

  2. Et bien Lorraine et Chantal (chapeau)! Le site est superbe, vraiment vous deux vous m`impressionnez.

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