Un problème auquel tout auteur de théâtre chrétien se trouve confronté, c’est celui de faire du neuf avec les Écritures, d’en renouveler la présentation au public pour faire naître chez lui un nouvel intérêt. On se rend tout particulièrement compte du problème en visitant les musées, et c’est aussi grâce à cette démarche que la solution apparaît. (Lire la suite)
M. Hervé Moulin, auteur du recueil présenté dans cet éditorial, a accepté avec joie notre invitation de contribuer à notre site en rédigeant un article sur sa démarche d’écriture pour aborder les textes bibliques. En s’appuyant sur la peinture pour illustrer (littéralement!) son propos, il nous offre de judicieux conseils. Nous sommes heureuses de pouvoir inclure son excellent article Perspective, moment et distance à notre dossier Écriture.
Hervé Moulin, auteur et metteur en scène de théâtre amateur, dirige depuis 1991 la troupe de théâtre des Églises Protestantes Évangéliques de Franconville et de Sannois, pour laquelle il a écrit de nombreuses pièces. Le recueil Histoires du royaume pour une république, publié aux Éditions Ourania en octobre 2011, contient huit de ses pièces et sketchs.
Les Éditions Ourania décrivent ce recueil en ces mots : « On a l’habitude de fêter Noël et Pâques. Mais, souvent, on oublie ce que l’on fête et même qui l’on fête. On se contente de faire un bon repas et de profiter des jours de congé supplémentaires. Hervé Moulin nous fait redécouvrir avec humour et tendresse des histoires que nous croyons connaitre. Il nous invite à tourner les regards, quelques instants au moins, vers Jésus, le Roi des cœurs. »
L’auteur a découvert notre site et nous a écrit : « Mon but est exactement le même que le vôtre : Faire partager l’Évangile de manière vivante. Rendre proche et contemporain un message dont la vérité est intemporelle, mais qui doit sans cesse entrer dans le cœur de nouvelles générations, chacune d’elles ancrée dans un monde qui change en permanence. C’est pourquoi je pense tout comme vous que le théâtre chrétien est sans cesse à réinventer, et que, bien qu’on en fasse depuis les Mystères du Moyen âge en passant par Racine et Claudel, le travail n’est pas terminé. Chaque génération doit entendre ce message « dans sa langue », comme le public des premiers apôtres après qu’ils aient reçu l’Esprit Saint. »
Quant à nous, nous ajoutons cet ouvrage à notre rubrique Pièces ainsi qu’à nos dossiers de Noël et de Pâques. Depuis les débuts de notre site, en 2009, Lorraine et moi avons à cœur d’offrir aux croyants francophones de bonnes ressources pour produire un théâtre évangélique de qualité. Nous sommes toujours heureuses de faire de belles trouvailles!
Les disciples sont désorientés. Jésus les avait pourtant prévenus, plus d’une fois même, mais ils n’ont pas écouté. Ils n’ont pas voulu comprendre en quoi consistait le plan divin, absorbés qu’ils étaient par leurs projets à eux – projets de règne et de gloire. Et les voilà : paralysés par la peur, ils se terrent, loin des assassins. Si on les cherchait, eux aussi?
Le Fils de Dieu a rendu l’esprit. « Tout est accompli! » a-t-il crié. Le laissera-t-on encore longtemps en spectacle aux moqueurs, cloué sur la croix? Qui lui donnera une sépulture décente?
Joseph d’Arimathée croit en Jésus, mais en secret, par peur de ses confrères. Cependant, c’est un homme bon et juste. Il prend le relais des disciples au moment même où la honte et le désespoir les assaillent. Il fait ce qu’aucun d’eux n’ose faire.
« Gouverneur, permets que je prenne le corps de Jésus afin de l’ensevelir. »
Drap de lin neuf. Trente kilos d’aromates, merci Nicodème. Solennels, Joseph et son ami descendent le corps de Jésus de la croix et l’enveloppent selon les rites juifs. Ils le déposent dans le tombeau de Joseph – car c’est le sien, et il n’a jamais servi. Ils roulent une grosse pierre devant l’entrée. Vite fait, car il est tard. Bien fait tout de même, car c’est le Maitre qu’ils viennent de mettre en terre.
Un sourire se dessine sur la face du Très-Haut. Il a bien voulu que son Fils meure, mais l’infamie de la croix a assez duré. Celle du tombeau ne se prolongera guère plus. Et tous ceux qui croyaient faire obstacle à sa volonté et à sa puissance seront couverts de confusion.
Un éclat de rire retentit. Rire victorieux, glorieux.
Jésus, le corps chaud, les veines bouillonnant de sang, quitte la pierre froide et l’obscurité du sépulcre. Sur son visage rayonne la joie triomphante de celui qui a vaincu la mort et qui plus jamais ne sera effleuré par elle.
Trois des quatre évangélistes mentionnent qu’au moment où Jésus a expiré sur la croix, le voile du Temple s’est déchiré depuis le haut jusqu’en bas. Ce voile séparait le lieu saint du lieu très saint, auquel seul le grand-prêtre avait accès une fois l’an avec le sang d’un animal offert en sacrifice.
Je me souviens avoir entendu un prédicateur expliquer que, si un homme avait voulu poser cette action, il aurait déchiré le voile de bas en haut. Mais voilà que cette étoffe épaisse, de grandes dimensions, s’est déchirée « toute seule », à partir du haut, au moment exact où Jésus a remis son esprit entre les mains de son Père. Le Père a déchiré lui-même le voile donnant accès à sa présence.
Il y a un an ou deux, j’ai lu sur un blogue américain la réflexion d’une enfant de 12 ans à ce sujet, rapportée par sa mère. L’analogie qui suit n’est donc pas de moi, mais l’image qu’elle a suscitée dans mon esprit a été si puissante que je me la suis appropriée. Alors voici…
Cette déchirure depuis le haut jusqu’en bas est le geste des Israélites qui, pour extérioriser un chagrin profond, déchiraient leurs vêtements. Et si c’était Dieu qui « déchira son vêtement »?
J’imagine le Père éternel, dans son affliction en voyant le Fils rendre l’âme tout en portant sur lui le fardeau de notre péché, qui déchire son vêtement. J’imagine la douleur du Père en voyant son Fils sans faute subir le châtiment de nos fautes à nous. Et à ce deuil, à cette tristesse indicible, se mêle une joie douloureuse… Car le voile étant déchiré, à cause de Jésus (ou grâce à lui, serait plus juste), le Père nous invite : « Venez. J’ai ouvert le chemin pour que vous puissiez entrer en ma présence. »
Jésus a versé son sang pour nous. Le Père a déchiré le voile. Il a lui-même ôté ce qui nous séparait de lui. Venez. Approchez-vous de Dieu.
Lorraine et moi sommes heureuses de vous proposer deux nouvelles pièces de Pâques. Voyez La croix, d’Hervé Moulin, ainsi que Le centurion au sépulcre, de Bernard Le Néel et Christian Querré. Ces deux pièces nous ont été généreusement offertes par les auteurs, qui ont eu à cœur de contribuer à notre site. Nous les en remercions bien sincèrement!
Comme vous le constaterez, les derniers événements de la vie de Jésus sont abordés de façon très différente dans ces reconstitutions. La croix présente un traitement solennel et émouvant de la crucifixion de Jésus, vue par Jean et Marie. Quant au Centurion au sépulcre, nous y observons l’embarras comique dans lequel sont plongés les gardes chargés de surveiller le tombeau.
Il vous reste encore du temps pour préparer un petit programme pour Pâques, si vous n’avez pas encore commencé. N’oubliez pas de consulter notre dossier de Pâques!