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Adapter un texte biblique pour la scène

Photo de Ben White sur Unsplash.com

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Depuis quelques semaines, je lis l’Évangile de Jean. J’observe le texte et je ressors toutes les occurrences de certains mots ainsi que leur contexte. Sans dictionnaire biblique ni commentaire : juste le texte et moi. Non pas que dictionnaires et commentaires soient inutiles, ou que j’aie acquis suffisamment de connaissances pour toujours m’en passer, mais je trouve rafraichissante cette approche des Écritures. Je ne m’appuie pas sur les réflexions d’autres penseurs : je peux penser moi aussi, car l’Esprit vit en moi! Je peux laisser la Parole me parler, car Jésus lui-même est Parole et, à ce titre, il… parle.

Une telle approche du texte biblique non seulement rafraichit mon âme, mais en plus stimule ma créativité. En effet, c’est après avoir lu et relu Jean 8 et 9 que j’ai écrit la pièce Il n’y a pas pire aveugle il y a quelques années. C’est avec la même approche que j’ai adapté pour la scène de Jean 8.2-12, où des hommes tentent de piéger Jésus en l’incitant à condamner une femme pour son péché.

Je vous invite à lire Démarche pour une mise en scène (Jean 8.2-12), où je présente mon processus. Voyez aussi le texte de cette courte pièce, Jésus libère de la condamnation.

Je souhaite que ces réflexions vous inspirent pour l’écriture de vos propres pièces!

Le don de l’écriture

Texte de Jill Lamkin, traduit par Chantal Bilodeau-Legendre

L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi. Oui, il m’a consacré pour apporter une bonne nouvelle… (Ésaïe 61.1a, Parole de Vie).

– Éternel, consacre-moi pour apporter ta bonne nouvelle.

Par un matin de Pâques, tandis je regardais les gens assemblés à l’église, Dieu souffla  à mon cœur : « Regarde leurs visages. »

Les uns semblaient s’ennuyer; les autres avaient l’air distrait. Certains arboraient un air mécontent, indice qu’ils étaient venus par obligation; plusieurs paraissaient vraiment en quête de quelque chose, le cœur plein d’attente. D’autres encore semblaient avoir trouvé la communion avec Dieu tout en adorant. Dieu murmura à mon cœur : « Ils sont venus pour tant de raisons différentes – mais ils sont venus! Et ils ont faim et soif de moi. Parle-leur de moi. » Le désir de communiquer l’amour de Dieu par l’écriture dramatique dans le cadre du culte d’adoration est né en moi ce matin-là. Je voulus alors, par le moyen d’une histoire, captiver les cœurs chargés de ressentiment et d’ennui, et apporter de la joie aux cœurs tournés vers Dieu. Le Seigneur me révéla leurs besoins ce matin de Pâques, puis il me montra les dons qu’il m’avait faits pour répondre à ces besoins. Il me demanda : « Les utiliseras-tu? »

Je répondis : « Oui ». Et je priai Dieu de m’accorder la sagesse pour écrire de manière à atteindre ceux qui sont tout près – et pourtant si loin à la fois. Lorsque je rédige des textes de théâtre avec une attitude de prière, Dieu entremêle sa sagesse et sa grâce à mon écriture. Son Esprit me pousse à puiser à même ma douleur la plus profonde et ma joie la plus exaltée. Il m’incite à écrire ouvertement, du fond de mon cœur, sans laisser la peur me retenir. Lorsque j’écris de cette façon, les gens me disent : « Dieu m’a parlé par cette pièce de théâtre. On dirait qu’elle a été écrite pour moi. »

Le dimanche matin, l’église se remplit de gens venus pour toutes sortes de raisons. Mais chacun est là, assez près pour que nous l’atteignions par les dons de l’écriture et de l’expression dramatique. Nous ne saurons peut-être jamais quelles vies nous touchons lorsque nous écoutons Dieu murmurer à nos cœurs et que notre écriture, baignée dans la prière, jaillit du plus profond de nous-mêmes.

– Père, lorsque j’écris, donne-moi d’être attentive au murmure de ta voix.


Texte de Jill Lamkin, extrait de l’ouvrage Team Devotions Manual, publié par DramaShare en 2003. Traduit par Chantal Bilodeau-Legendre, avec l’aimable autorisation de DramaShare . DramaShare nous a fourni le contenu de cet article afin que nos visiteurs puissent en profiter. Si vous croyez ces informations utiles à votre ministère de théâtre, nous vous encourageons à considérer la possibilité de soutenir DramaShare en devenant membre. 

Le schéma actanciel

Par Lorraine Hamilton et Chantal Bilodeau-Legendre

D’abord, ça sert à quoi?

Le schéma actantiel précise les relations qui existent entre les personnages d’un récit. On peut analyser les œuvres théâtrales, aussi bien que les romans par exemple, au moyen du schéma actantiel. On y voit si la situation est équilibrée et si tous les éléments de la narration y sont présents. Qui est le personnage principal? Quel but poursuit-il? Quels facteurs le poussent vers son but? Qu’est-ce qui lui vient en en aide? Qu’est-ce qui lui nuit?

Actantiel1

Euh… c’est quoi tout ça?

Le sujet correspond au personnage dont on fait l’étude. Il a nécessairement une quête personnelle rattachée à son rôle dans la pièce, sinon il ne servirait à rien dans l’histoire.

L’objet a ici le sens d’objectif. Il n’y aurait pas d’histoire intéressante si le sujet réussissait à obtenir immédiatement son objet. Pour cette raison, il se heurte à divers obstacles durant sa quête. Tout ce qui s’oppose à son projet est un opposant; tout ce qui l’aide à le réaliser est un adjuvant. Plusieurs opposants et adjuvants sont possibles. Ce peuvent être des personnages, des choses ou des événements.

Le destinateur est ce qui motive le sujet à entreprendre sa quête. Le destinateur est souvent l’actant le plus difficile à trouver. Il peut s’agir d’une personne ou d’une force morale qui provoque ou mandate la quête. On réussit à l’identifier en posant la question « Pour qui… (ou pour quoi) le sujet entreprend-il sa quête? ».

Quant au destinataire, il s’agit de la personne à qui profitera la quête. On se demande alors « À qui l’aboutissement de la quête servira-t-il? »

Deux illustrations

Un conte…

À la demande du roi (destinateur), le preux chevalier (sujet) veut délivrer (quête) la princesse (destinataire). (Mais il est possible que le destinataire soit aussi le roi, qui veut récupérer sa fille, ou même le chevalier, qui veut l’épouser!) Le chevalier doit d’abord affronter le dragon féroce (opposant) qui garde le château ainsi que la méchante sorcière (opposant) qui a ensorcelé la tour. Heureusement, grâce à sa fidèle épée magique et à la fée Mélusine (adjuvants), il parviendra à libérer la belle.

Un récit biblique…

Voyons maintenant le récit du naufrage de l’apôtre Paul, selon deux points de vue : (1) celui des soldats et (2) celui de l’officier (nommé centenier dans les schémas). Mais d’abord, le texte.

Les soldats étaient d’avis de tuer les prisonniers, de peur que l’un d’eux ne s’échappe à la nage. Mais l’officier, qui voulait sauver Paul, les a empêchés de mettre ce projet à exécution. Il a ordonné à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers à l’eau pour gagner la terre, et aux autres de s’agripper à des planches ou à des débris du bateau. C’est ainsi que tous sont parvenus sains et saufs à terre. (Actes 27.42-44, Segond 21)

 (1) « Leur vie ou la nôtre! » (point de vue des soldats)

Mise en contexte : À l’époque, un soldat romain qui perdait un prisonnier devait répondre de sa vie. C’est pour cette raison que, dans ce récit, ils cherchent à tuer les prisonniers plutôt que de les voir s’enfuir.

En bref…

Sujet = les soldats
Objet (ou objectif) des soldats = tuer les prisonniers (dont Paul)
Destinateur (qui les motive?) = la peur de mourir
Destinataire (qui en profitera?) = les soldats eux-mêmes
Opposant = l’officier (centenier)
Adjuvant (aidant) = rien ni personne

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(2)  « Tous doivent rester en vie! » (point de vue de l’officier)

Mise en contexte : Paul avait informé l’équipage que Dieu les protégerait tous, selon la vision qu’il avait eue (Actes 27.21-26). L’officier croit aux paroles de Paul.

En bref…

Sujet = l’officier (centenier)
Objet (ou objectif) de l’officier= sauver Paul
Destinataire (qui le motive?) = sa confiance (ou sa bonté, voire Dieu lui-même)
Destinataire (qui en profitera?) = Paul et les prisonniers
Opposant = aucun (les soldats obéissent aussitôt)
Adjuvant (aidant) = aucun (l’autorité du centenir suffit)

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Le récit du naufrage de Paul remplit les conditions du schéma actanciel pour deux sujets. Il arrive que certaines quêtes n’aient ni opposant, ni adjuvant, comme dans le deuxième exemple. Mais chaque action doit essentiellement remplir les autres conditions (avoir un destinateur et un destinataire) pour qu’on puisse la considérer comme une action réelle et utile à un récit. On peut les comparer à des signes vitaux qui déterminent si un être est vivant ou non.

Par conséquent, si un personnage dans une pièce pose une action qui n’a ni destinateur, ni destinataire et surtout ni objet, ce personnage est alors inutile et alourdit simplement la scène ou la pièce. On peut observer ce genre de situation dans les sketches où des personnages entrent sur scène sans but précis, sans raison évidente – si ce n’est celle qu’on voulait donner un rôle à Untel parce-qu’il-voulait-tellement-jouer-cette-fois-ci,  ou qu’on voulait faire rigoler l’auditoire…

Pour qu’une histoire soit bien bâtie, chaque personnage et chaque action doivent faire progresser l’histoire vers son superobjectif. Sinon, on distraira vainement le public, détournant même son attention de l’objectif réel.

Des histoires qui voyagent

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Par Chantal Bilodeau-Legendre

Un CD, une pièce

Alsace, 1997 ou 98.

Anne (du blog Choisis la vie) et son mari ont à cœur de raconter l’histoire de Josué sous forme de comédie musicale, avec la participation de plusieurs enfants. Pour l’occasion, Claire-Lise Schmidt, cousine d’Anne, compose plusieurs chants. De ce projet naîtra peu après le très beau CD Terre promise, produit par l’association française Laisse-moi te raconter .

Québec, 2004.

Les responsables de l’école du dimanche de mon église me donnent le CD Terre promise pour m’inspirer un projet de théâtre pour les enfants plus âgés de l’EDD. À plusieurs reprises, j’écoute les chants et lis les extraits du « journal » de Rahab, dans le livret accompagnant le disque. Des personnages prennent vie dans mon esprit, des dialogues résonnent dans ma tête. De ce disque naîtra peu après la pièce Terre promise, que vous trouverez dans nos pages.

Après avoir découvert notre script, Anne est entrée en contact avec moi. Elle a écrit : « C’est super de savoir que depuis, de nombreux enfants se sont approprié ces mêmes paroles [de chants] et se sont construit des souvenirs inoubliables en travaillant sur des scénarios successifs et divers. »

Le Seigneur fait voyager chants et textes par delà les océans. Il multiplie ses bénédictions, et je trouve ça génial!

À propos d’écriture

Le disque Terre promise est bien structuré. Les chants s’enchaînent de façon logique et présentent, avec des rythmes et des styles variés, la trame de l’histoire de Josué et de ses victoires en Canaan. Écrire une pièce « autour » de ces chants a été facile, en un sens, car je disposais d’un bon fil conducteur.

Mais quand on part de zéro, comment s’assurer de bâtir une pièce bien structurée, tenue par un bon fil conducteur? Les articles suivants vous donnent quelques éléments de réponse :

Alors, si le Seigneur vous met l’écriture à cœur, écrivez! Et qu’il fasse voyager vos récits!

 

Les divisions d’une pièce

Une pièce se divise en tableaux, en actes et en scènes. Le découpage d’une pièce en facilite la lecture, l’étude et la réalisation. Si un metteur en scène travaille avec une pièce ou un sketch que l’auteur n’a pas divisée, il devrait le faire lui-même avant de commencer son travail avec la troupe.

Photo de Morgan Harris sur Unsplash

Tableau

Le tableau est une division marquée par un changement de lieu et de décor. Il peut contenir plusieurs actes et plusieurs scènes. D’habitude, les sketches ne comportent qu’un seul tableau. Même chose pour les pièces de courte durée. (Un changement de tableau doit être justifié, c’est-à-dire qu’il doit appuyer le message clé de la pièce. Des changements de décor trop fréquents essoufflent non seulement les techniciens, mais aussi les spectateurs, qui risquent de se demander à quoi servent tous ces « déménagements » et ces interruptions du récit.)

Acte

De façon traditionnelle, un acte se caractérise par une unité de lieu ou de temps. Le passage d’un acte à l’autre correspond donc à un jalon important du récit de théâtre.

Scène

Les scènes sont les subdivisions de l’acte. De façon traditionnelle, une scène est marquée par l’entrée ou la sortie des personnages. Les scènes correspondent à de petites histoires à l’intérieur de la grande histoire.

Trouvez des titres!

Voici un petit conseil pour les metteurs en scène: essayez de trouver un titre pour chaque acte et chaque scène. Un titre devrait être bref et bien résumer le contenu de l’acte ou de la scène. En titrant ainsi les divisions de la pièce, vous aiderez les comédiens à mieux saisir la progression de l’intrigue et à situer l’importance de telle ou telle scène dans l’ensemble du récit.

L’équipe TE