Chantal Bilodeau-Legendre
Après avoir présenté plusieurs toiles de Pascal Le Cossec (voyez ici, là et là), je vous propose des extraits de quelques courriels que Lorraine et moi avons échangés avec lui au cours des derniers mois. Le texte en italique reprend les propos de Pascal; le reste correspond à mes réflexions personnelles. (Merci à Pascal pour la photo!)
Pascal fréquente une église évangélique en Île-de-France, près de Versailles. Il dessine depuis l’enfance… « J’ai en fait toujours su dessiner. Tout petit déjà, à l’école, je m’amusais à reproduire les cartes de géographie à main levée, alors que cela cassait les pieds à tout le monde! Je pense que le Seigneur donne des dons à certaines personnes, et pour cette facilité de peindre je lui suis infiniment reconnaissant. »
Une fois passée la nécessité des cartes géographiques, Pascal est allé jouer dans la « cour des grands »… « C’est en grandissant que je me suis perfectionné dans la peinture à l’huile sur toile. [Après m’être engagé] pour la première fois, une année dans une fête de Noël de l’église, j’ai continué et nous en sommes arrivés à ce niveau. » Pascal dit « nous en sommes arrivés à ce niveau ». « Nous », c’est qui?
« Nous sommes une bonne petite équipe, qui nous occupons de toutes les fêtes et autres manifestations. […] Je me suis constitué une équipe de peintres qui peuvent faire les grandes surfaces pendant que je m’occupe des détails et des finitions. […] Je m’occupe des décors, de la réalisation des accessoires et éventuellement du maquillage, tout ce qui touche à la déco en général. » Les textes des fêtes et programmes relèvent donc d’une autre personne (ou d’une autre équipe). Pascal travaille assurément en étroite collaboration avec les concepteurs des textes afin de produire le décor adéquat.
Pascal peint généralement sur du tissu. Les toiles mesurent 2,50 m x 4 m à 3 m x 6 m pour les plus grandes. Le défi que pose l’estrade de son église est l’absence de coulisses. Comment y remédier? « L’estrade est quasiment au ras du sol et il n’y a pas d’accès derrière l’estrade. Nous fabriquons donc à gauche de l’estrade un décor faisant office de coulisse reprenant le thème général de la fête. »
Un même programme peut requérir plusieurs décors. En effet… « Ces décors peuvent aller jusqu’à cinq en plus des coulisses, donc une manutention importante qu’il convient d’inclure dans le déroulement de la fête. […] Les décors de chaque scène sont accrochés en début de scène les uns par-dessus les autres sur le mur du fond, derrière l’estrade. Une équipe de deux personnes les décrochent au fur et à mesure de l’avancée de la fête. »
On peut imaginer que les œuvres de Pascal sont nombreuses. Qu’en fait-il une fois les fêtes terminées? « Mes toiles sont entreposées dans un local ignifugé (ordonné par la commission de sécurité de notre commune). Nous y regroupons tous nos éléments de décors. […] Les toiles sont enroulées autour d’un tube en PVC ou en carton – c’est le seul moyen que j’ai trouvé pour les garder en bon état. Les plier est catastrophique pour la peinture! »
Y a-t-il moyen de les prêter ou de les louer? Oui, bien sûr, mais soyons réalistes… Il arrive que des églises ne rendent pas les équipements empruntés. D’autres n’ont pas les moyens de payer pour la location ou d’assurer le transport sécuritaire de ces articles surdimensionnés. Et justement : « Ces toiles sont faites aux dimensions de notre estrade avec un texte spécialement écrit pour notre église, vraiment personnalisé. » On imagine donc des œuvres d’art faites expressément pour une fête bien précise, comme on écrit des histoires expressément pour une occasion particulière, textes qui ne resservent jamais, mais qui laissent d’heureux souvenirs dans l’esprit de ceux qui en ont bénéficié.
Pourquoi faire de si grandes toiles, pourquoi dépenser tant d’énergie, de matériel (certains ajouteront : d’argent), pour produire quelque chose qui, bien souvent, ne servira qu’une seule fois?
Pourquoi, en effet? Bonne question. Qu’en pense Pascal? Les mots qui suivent révèlent pourquoi il met tant de cœur à son art : « Je suis toujours à la recherche de nouvelles idées pour m’améliorer, pour que cette fête soit digne du Dieu que nous adorons, car c’est avant tout pour cela que je le fais. Ensuite, j’aime que cela soit beau envers les nouvelles personnes qui se présentent à cette occasion, ce n’est pas parce que c’est gratuit que cela doit être moche. Et puis, le message qui est transmis est tellement beau que ce que nous faisons pour le Seigneur doit être beau. »
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Permettez que je vous laisse sur ces réflexions que m’inspire le témoignage de Pascal :
● Dieu donne des dons à chacun. Les habiletés artistiques viennent de lui. (On trouve un bel exemple dans Exode 31.1-6.)
● Dieu aime la beauté – il en est lui-même l’Auteur. La création tout entière en témoigne.
● Si nous cherchons, en toute humilité et pour honorer notre Seigneur, à nous améliorer dans notre art – que ce soit dans l’écriture, le jeu dramatique, la peinture, la musique, le chant, la prédication, l’enseignement… – c’est toute l’église qui peut en profiter.
● Notre Dieu n’exige pas la perfection au sens où nous la percevons, avec nos exigences et nos critères tout humains et imparfaits, car il sait de quoi nous sommes formés (Psaumes 103.14). Cependant, il est digne que nous lui offrions le meilleur de nous-mêmes et de nos talents (Romains 12.1-2).
● Nous ne devons pas évaluer la valeur de notre travail d’après le nombre de personnes qui le voient, le nombre de fois où il « sert », etc… Seul le regard de Dieu a de l’importance.