Archives par mot-clé : Le metteur en scène

Les exercices de théâtre – amusants, mais surtout nécessaires!

par Lorraine Hamilton

Amélie et Ludo connaissent leurs répliques et leurs déplacements. Bien qu’ils sachent quoi dire et quoi faire, il leur manque quelque chose lorsqu’ils se mettent à jouer leur scène. Du naturel. De l’émotion. Tout semble cérébral et mécanique… Pourquoi?

Photo de Mostafa Meraji sur Unsplash.com

Il est bien possible que le metteur en scène ait négligé de développer la créativité et l’imagination de ses comédiens. Il ne les a pas incités à puiser dans l’éventail de leurs émotions, à explorer leurs forces et à découvrir leurs capacités.

Pourquoi faire des exercices de théâtre?

Faire de la mise en scène, c’est enseigner des techniques, des règles, mais c’est aussi offrir au comédien des moyens pour trouver et explorer lui-même différentes facettes de sa personnalité qui contribueront à son jeu dramatique.

Pour jouer, le comédien utilise ses mouvements, sa voix, ses intonations, ses mimiques, sa gestuelle – bref, tout son corps! Celui-ci, tout comme son bagage d’émotions, est son outil de travail.

Afin d’aider les comédiens à bien exploiter leur « outil », je leur propose toujours des exercices de théâtre au début de chaque répétition. Avant chaque rencontre, je prends soin de choisir ou d’inventer quelques activités qui auront pour fonction de développer la créativité ou de travailler certaines faiblesses.

Ces exercices aideront notamment à…
♦ la prise de conscience de soi,
♦ la mise en confiance,
♦ la mise en train.

Ils contribueront au développement de,,,
♦ l’imagination,
♦ l’observation,
♦ la concentration.

Ils toucheront…
♦ à l’expression corporelle,
♦ au mime,
♦ à l’improvisation, etc.

Découvrez une cinquantaine d’exercices de théâtre amusants en  téléchargeant notre fichier PDF.

Jésus et la Samaritaine: Démarche pour la rédaction d’une pièce

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Photo de Frank Albrecht sur Unsplash.com

 

Après plusieurs lectures de Jean 4, j’ai voulu adapter pour la scène la rencontre de Jésus avec la femme de Samarie. Mon intention? Traiter ces versets de façon originale, avec un minimum de comédiens. Voici donc, un peu pêle-mêle, les réflexions qui ont précédé la rédaction de la pièce Samar, ou la femme qui avait soif.

 

Comment communiquer les infos?

Certains renseignements sont nécessaires pour mieux apprécier l’histoire de Jean 4 et comprendre que la rencontre de Jésus avec la femme était un « rendez-vous divin ». Plusieurs questions ont surgi dans mon esprit, et je voulais en fournir les réponses dans la pièce :

  • Pourquoi Jésus passait-il par la Samarie? (v. 3-4)
  • Qu’est-ce que le puits avait de particulier? (v. 6)
  • Pourquoi Jésus s’est-il arrêté à ce puits? (v. 6)
  • Pourquoi Jésus était-il seul? (v.8)
  • Quelles étaient les relations entre Juifs et Samaritains? (v. 9)
  • Pourquoi la Samaritaine puisait-elle en plein midi? (Le texte ne le dit pas, mais les v. 17-18 nous donnent un indice.)

J’aurais pu avoir recours à un narrateur s’adressant directement au public pour communiquer ces informations. Cette méthode s’avère souvent utile, mais je voulais une histoire plus personnelle, plus intimiste, sans élément externe qui nous sorte du récit. En fait, je voulais que la Samaritaine raconte son histoire, fournissant elle-même les détails plus « techniques ».

La Samaritaine aurait pu faire un simple monologue, mais je voulais un peu d’action – de l’interaction. Cependant, un duo avec Jésus ne me semblait pas se prêter à la communication naturelle des renseignements que j’estimais importants.

Un prétexte

Je me suis alors demandé : « Pour quelle raison la Samaritaine raconterait-elle son histoire? » Or, l’évangéliste relate la rencontre de la femme avec Jésus, tout simplement. Pour répondre à ma propre question, je devais faire appel à mon imagination, tout en respectant le cadre des Écritures.

Alors des images ont pris forme dans mon esprit. De fil en aiguille, le Seigneur m’a inspiré un contexte… un prétexte à l’histoire.

La Samaritaine écrit à une amie, perdue de vue depuis longtemps, lui annonçant que sa vie est transformée. Dans son message, elle lui donne rendez-vous dans un petit café, car elle veut lui raconter ce qui lui est arrivé.

Ainsi, au début de la pièce, la Samaritaine attend son amie, assise à une table de café. (C’.est un anachronisme qui passe très bien en théâtre!) L’amie arrive, puis l’histoire commence. La première scène donne aux spectateurs un aperçu de la vie autrefois déréglée de la Samaritaine. Ensuite, l’action se déroule en alternance entre le café (côté cour) et le puits (côté jardin).

Deux Samar

J’ai appelé la Samaritaine Samar… Pas très original, direz-vous. J’ai tronqué un nom pour en faire un prénom. Il me fait d’ailleurs penser à Tamar (prénom d’une belle-fille de Juda et aussi d’une fille du roi David). Et puis, de toute façon, la femme n’est pas nommée dans la pièce… Cette indication ne sert donc qu’aux comédiennes qui jouent ces deux rôles.

En effet, il y a deux Samar sur la scène : celle du café et celle du puits. À moins que des jumelles identiques n’interprètent ce rôle, on aura affaire à deux comédiennes différentes. Je ne veux pas sous-estimer le public et croire qu’il sera tout embrouillé! L’alternance entre les lieux scéniques, les dialogues, permettront aux spectateurs de comprendre que l’action se déroulant au puits est un retour en arrière : le public « voit » les souvenirs de Samar.

Les disciples, les habitants de la ville

Je ne voulais pas un grand nombre de personnages, afin que le caractère intime du récit demeure. Aussi, les amis de Jésus et les habitants de la ville (pourtant actifs dans l’histoire originale) sont simplement mentionnés ou cités par Samar, dans le café.

Les paroles de Jésus

Si presque toutes les paroles des deux amies sont inventées, le dialogue au bord du puits se fonde uniquement sur le texte de l’Évangile.

La lecture de quelques versions différentes de la Bible m’a permis de reformuler leurs échanges de manière à les rendre plus clairs, plus naturels. J’évite les termes ou les expressions que les gens peu familiers du texte original risquent de ne pas comprendre. Les versions Semeur et Parole de vie m’ont été très utiles.

Je n’ai pas l’habitude de faire dire à Jésus autre chose que les paroles rapportées dans la Bible, bien que celle-ci ne consigne qu’une toute petite portion de ses propos. C’est donc dans la prière et la méditation que j’aborde la rédaction des paroles de Jésus : j’ai besoin de les comprendre et de m’assurer que le choix de mes mots correspond effectivement au texte biblique. Parce que je suis loin d’être infaillible, j’avance toujours avec précaution sur ce terrain!

La soif

Dans tout ce récit, il me fallait un fil directeur. Celui de la soif et de l’eau pleine de vie qui étanche la soif de l’âme s’imposait. La conclusion du sketch est une reformulation de Jean 4.14, qui a pourtant été cité, un peu avant, en d’autres mots.

Et la prière?

La prière est une activité inhérente au processus de rédaction. On n’aborde pas un texte biblique comme une fable de La Fontaine ou un conte de Grimm. On prend le message même de Dieu, qui est parole de vie, on lui donne une forme vivante (texte de théâtre) afin de toucher le cœur des spectateurs. Pas pour les divertir tout bonnement, mais pour les amener à méditer à leur tour, à accueillir le message de vie et à rencontrer Dieu.

Les critiques artistiques ne commentent pas nos pièces, mais nous écrivons, nous jouons, sous le regard aimant du Maitre créateur! Nous ne connaitrons jamais ici-bas la portée de notre travail mais, sans tenter d’atteindre la perfection, visons toujours l’excellence.

Voir aussi:
Jésus et la femme adultère: Démarche pour une mise en scène
Samar, ou la femme qui avait soif (pièce)
Adapter un texte biblique pour la scène (réflexion)

Adapter un texte biblique pour la scène

Photo de Ben White sur Unsplash.com

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Depuis quelques semaines, je lis l’Évangile de Jean. J’observe le texte et je ressors toutes les occurrences de certains mots ainsi que leur contexte. Sans dictionnaire biblique ni commentaire : juste le texte et moi. Non pas que dictionnaires et commentaires soient inutiles, ou que j’aie acquis suffisamment de connaissances pour toujours m’en passer, mais je trouve rafraichissante cette approche des Écritures. Je ne m’appuie pas sur les réflexions d’autres penseurs : je peux penser moi aussi, car l’Esprit vit en moi! Je peux laisser la Parole me parler, car Jésus lui-même est Parole et, à ce titre, il… parle.

Une telle approche du texte biblique non seulement rafraichit mon âme, mais en plus stimule ma créativité. En effet, c’est après avoir lu et relu Jean 8 et 9 que j’ai écrit la pièce Il n’y a pas pire aveugle il y a quelques années. C’est avec la même approche que j’ai adapté pour la scène de Jean 8.2-12, où des hommes tentent de piéger Jésus en l’incitant à condamner une femme pour son péché.

Je vous invite à lire Démarche pour une mise en scène (Jean 8.2-12), où je présente mon processus. Voyez aussi le texte de cette courte pièce, Jésus libère de la condamnation.

Je souhaite que ces réflexions vous inspirent pour l’écriture de vos propres pièces!

Méchant syndrome…

Par Chantal Bilodeau-Legendre

J’ai l’habitude de monter des pièces de mon cru, et je crois souffrir du « syndrome de l’auteure omnisciente ».

Les personnages que je crée sont toujours si vivants dans ma tête! Leur voix, leur « mentalité », même leur démarche – j’entends tout, je vois tout, je sais tout! Je n’ai qu’à dire à mes comédiens quoi faire! Je leur montre comment donner corps à ces créations de mon esprit. Je les guide presque pas à pas… Un peu trop, je pense.

En effet, en négligeant l’étape de l’étude de leurs personnages, je prive mes comédiens d’une réflexion préliminaire, essentielle au jeu dramatique sensible et intelligent. Oh! Je ne dis pas que mes comédiens jouent sans sensibilité ni intelligence! Non, mais ils n’explorent pas les personnages eux-mêmes, ils n’en font pas la connaissance eux-mêmes. Ils font ce que je leur dis (en règle générale) et, par conséquent, ils ont plus de difficulté à atteindre une interprétation naturelle, aisée, spontanée.

La traduction des articles de la série « Les cinq composantes de base de l’interprétation » m’aura été profitable à moi la première! Je vous les encourage à les lire et à les relire. Commencez par la première composante, RÉLÉCHIR. (La liste des articles apparait dans notre rubrique Interprétation.)

Si comme moi vous souffrez du syndrome de l’auteure omnisciente, je vous souhaite bonne guérison! 🙂

Hey! Relaxe!

Par Chantal Bilodeau-Legendre

C’était la générale. Les enfants venaient de revêtir leurs costumes, abandonnant cà et là sur les fauteuils de l’auditorium manteaux et chandails. Pourtant, je les avais prévenus : je ne voulais rien voir trainer! Alors d’une voix forte, j’appelle tous mes petits comédiens et je les réprimande : « Qu’on ramasse au plus vite! » (J’abrège ici, bien sûr…) Tous s’exécutent de bonne grâce. Peu après, une amie qui a assisté à la scène m’invite gentiment à garder mon calme. Quoi? Moi? Je m’étais emportée?… Faut croire que oui…

En y repensant, les musiciens, les chanteurs, les divers responsables et techniciens présents ce jour-là avaient-ils besoin d’entendre la metteure en scène faire des reproches publiquement à sa troupe? Poser la question, c’est y répondre.

Garder son calme. Pas facile. Lorsqu’on gère une équipe de comédiens, les occasions ne manquent pas de perdre son sang-froid. Mais en tant que croyants, nous sommes appelés à porter le fruit de l’Esprit (Galates 5.22). Ce fruit excellent n’est-il pas composé, entre autres vertus, de patience, de bonté, de douceur, de maitrise de soi? Il doit être bien visible dans notre vie! Et dans le cadre de notre ministère de théâtre, nos comédiens doivent en bénéficier les premiers.

Lisez ici quelques conseils pratiques pour vous aider à garder votre calme. J’espère que ces conseils vous seront profitables. Bien entendu, le mieux serait de ne pas en avoir besoin… 🙂

Bonne lecture!