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Les 14 langages de théâtre

Tout parle en théâtre! En fait, quatorze langages appuient l’expression dramatique. Comédiens, metteurs en scène et techniciens peuvent exploiter ces langages avec créativité de manière à transmettre le mieux possible le message clé de la pièce. La plupart de ces langages fait l’objet d’un court article dans nos pages. Suivez les liens pour en connaître un peu plus!

Photo de Kyle Head sur Unsplash.com

Les langages du comédien

1. La parole – La parole doit être soignée et nette. On ne saurait trop insister sur l’importance de l’ar-ti-cu-la-tion. Il faut aussi savoir la projeter de manière à être bien compris par tous les spectateurs, même ceux de la rangée du fond. Quant au débit, sachez le maîtriser. La nervosité nous fait souvent parler trop vite. Or le public a besoin de bien saisir toutes vos paroles.

Pour cette raison, la parole doit être assaisonnée de silences. Une pièce sans silence ressemble à un texte sans ponctuation. On s’essouffle à la jouer – et le public se fatigue à la regarder. Cultivez les silences! Exploitez les silences! Abusez-en s’il le faut… mais ne passez jamais les silences sous silence!

2. Le ton – Chaque réplique est teintée de désirs et d’émotions, que nous exprimons par le ton. En habillant les répliques d’une « couleur » qui colle au caractère de son personnage, en appuyant sur les bons mots, on est en mesure de jouer son rôle avec plus de crédibilité.

3. Le geste – Exécuté avec ou sans paroles, le geste vient appuyer les mots – ou les silences. Contrairement au cinéma, où les moindres mouvements peuvent être portés à l’écran par un gros plan, on ne peut pas se contenter de petits gestes rapides, voire dissimulés, sans craindre qu’ils ne passent inaperçus dans la salle. Il faut donc privilégier les gestes amples et souples.

4. La mimique – Véhicule privilégié des sentiments, la mimique (ou expression du visage) parle souvent plus fort que la parole. Elle prend toute sa force, comme le geste d’ailleurs, dans les silences qui l’accompagne. À exploiter au maximum!

Le langage du metteur en scène

5. Le mouvement – Les déplacements sur scène relèvent du metteur en scène – et ils parlent, eux aussi, en ce qu’ils appuient les mots, les émotions, l’action même. En variant les entrées et les sorties, les va-et-vient, les rapprochements comme les mises en retrait, le metteur en scène évite le jeu statique. Même l’immobilité d’un personnage peut être éloquente, si cette immobilité est prévue, calculée, et ne trahit pas le manque de présence sur scène. (Nous vous suggérons de lire Les positions sur la scène.)

Les langages techniques

6. Le masque – Le masque est un accessoire associé au mime. Son emploi pousse à l’exploitation de l’expression corporelle et au développement d’un vocabulaire gestuel, l’acteur ne pouvant plus compter sur la parole et la mimique pour communiquer.

7. Le maquillage – Entre autres choses, le maquillage peut donner des indices quant à l’âge du personnage et à son état de santé.

8. La coiffure – Comme le maquillage, la coiffure peut révéler plusieurs détails au sujet du personnage : âge, statut social, caractère, émotions, etc.

9. Le costume – De la même façon, le costume informe les spectateurs quant à la nationalité, au statut social, au métier, etc. du personnage.

10. L’accessoire – Les accessoires sont les objets que les comédiens manipulent pour appuyer leur jeu.

11. Le décor – Le décor révèle au public le lieu, cadre et l’époque où l’histoire se déroule. Il renseigne aussi sur les personnages qui y évoluent.

12. L’éclairage – L’éclairage permet d’indiquer à quel moment de la journée se déroule le récit. Les effets spéciaux (couleurs, fade-in ou fade-out, etc.) servent à créer une atmosphère, à accentuer les moments forts du récit, ainsi qu’à traduire des émotions.

13. La musique – La musique peut aider à faire ressortir des émotions, des moments dramatiques, etc. Comme l’éclairage, elle peut créer une atmosphère. Le choix d’éléments musicaux appropriés requiert beaucoup de sensibilité.

14. Le bruitage – Le bruitage, comme l’éclairage et la musique, participe à la transmission du message. Il sert à mettre en relief les moments forts de l’histoire.

Quatorze langages possibles, mais il n’est pas nécessaire de les utiliser tous dans une même pièce – il serait même superflu de le faire! En effet, la plus grande simplicité mène souvent à la plus grande crédibilité.

Lorraine

L’intrigue

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Que vous souhaitiez écrire une histoire (sous forme de pièce ou autre), ou que vous désiriez « décortiquer » un récit pour mieux comprendre l’enchaînement de ses éléments, il est important de connaître la structure de l’intrigue.

(Et si le coeur vous en dit, jetez aussi un coup d’oeil à notre dossier Écriture!)

Une explication

Mais d’abord, qu’est-ce qu’une intrigue? Tout simplement, une suite d’actions unifiées par un thème. En voici une description très sommaire.

On commence par une situation initiale – comme si on plaçait des pions sur un échiquier. Cette partie est souvent de courte durée. Un événement déclencheur surgit, prétexte à l’action, et vient perturber l’équilibre du début. À cet événement en succède un autre, puis un autre… Ce sont les péripéties, qui constituent la plus grande partie de l’histoire, son « nœud ». Elles consistent en rebondissements, en conflits qu’on tente de régler, etc. Les péripéties s’enchaînent en un crescendo et finissent par atteindre un point fort (ou climax), qui correspond au moment de la pièce où l’émotion est la plus intense, d’habitude juste avant la fin. Ensuite, le dénouement présente la résolution de tous les conflits. C’est là que, d’habitude, les méchants sont punis et les gentils récompensés. Cette partie de l’intrigue devrait fournir aux spectateurs des réponses satisfaisantes à leurs questions. Elle ne dure pas très longtemps. Enfin, une dernière partie, plus courte encore, expose la situation finale : l’histoire se termine par un nouvel équilibre, retrouvé après toutes les péripéties et leur dénouement (Lucky Luke s’éloignant dans le soleil couchant, ou le ils-vécurent-heureux-et-eurent-beaucoup-d’enfants des contes).

Une illustration

Situation de départ

Il était une fois, dans un royaume fort éloigné, une jolie princesse… (Qui? Quoi? Où? Quand?)

Événement déclencheur

Un jour, la vilaine reine se rendit compte que… (Sans événement pour déclencher l’action… eh bien, il n’y a pas vraiment d’histoire!)

Péripéties

Alors la vilaine reine tendit un piège… Mais la princesse… Alors la reine se déguisa et… Heureusement, la marraine… Furieuse, la reine prit les grands moyens et… Alors, un valeureux jeune homme… (Et ainsi de suite, en un crescendo insoutenable.)

Point fort

Lorsque la reine ordonna à son dragon de calciner la princesse ligotée, le valeureux jeune homme, plus vif que l’éclair… (Apogée du crescendo)

Dénouement

Le valeureux jeune homme (qui était un prince déguisé) débarrassa le royaume de la vilaine reine. Celle-ci fut contrainte à laver les chemises de l’archiduchesse à perpétuité. (Bien fait pour elle!)

Situation finale

Le prince épousa la princesse, et ensemble ils gouvernèrent le royaume avec beaucoup de sagesse pendant très longtemps. (On essuie une larme. Tout est bien qui finit bien.)

Attention!

Il arrive qu’une histoire commence par la fin… On fait alors un retour en arrière, puis on revient dans le présent. Il existe en effet diverses façons de développer une intrigue. Nous vous avons présenté la façon traditionnelle.

Exercices

♦ Lisez une histoire et identifiez-en les divers éléments. (Vous pouvez faire la même chose à partir d’un film, d’un épisode de feuilleton télévisé, d’une émission pour enfants, etc.)

♦ Inventez une histoire en suivant la succession des éléments de l’intrigue. Commencez par quelque chose de très simple, pour le raconter à de jeunes enfants par exemple.

L’équipe TE

Les aires de jeu

Les aires de jeu sont les endroits du plateau où les comédiens effectuent les jeux de scène. En général, on distingue une aire principale et des aires secondaires, de même qu’un point chaud.

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Aire principale

L’aire principale est le lieu où les comédiens concentrent leurs déplacements. Ils y jouent la plupart des scènes, mais pas nécessairement les plus marquantes. On y retrouve le décor principal. Cette aire la plus fréquentée se situe souvent au centre de la scène, d’où elle offre une bonne visibilité.

Aires secondaires

Certains jeux de scène plutôt distincts ou plus intenses doivent s’effectuer ailleurs que dans l’aire principale, car l’ambiance de cette dernière est trop commune à plusieurs scènes. Pour susciter un climat différent, on exploitera une ou plusieurs aires secondaires. Celles-ci sont souvent retirées vers les côtés afin que le spectateur puisse bien les distinguer de l’atmosphère générale de la pièce. L’échange de confidences, un monologue, une prière, présentent un caractère particulier. Jouées à l’écart, de telles scènes ressortiront davantage. D’habitude, on trouve dans chacune des aires secondaires au moins un accessoire ou un élément de décor.

Point chaud

Le point chaud se situe au centre, à l’avant-scène, donc plus près du public. Cet endroit est privilégié : lieu d’intimité, il est propice aux confidences. C’est l’endroit des cris du cœur, des aveux, des remises en question, des grandes vérités. Le point culminant de l’intrigue survient généralement au point chaud. On veillera à ne pas surexploiter cet endroit mais à lui conserver sa vocation de « révélation ».

Voir aussi Jardin ou cour?

Lorraine

 

Jardin ou cour?

Au théâtre, on emploie les termes jardin et cour pour définir les aires de jeu. Cette convention remonte à l’époque du roi Louis XIV (1643-1715) qui assistait aux spectacles de théâtre dans une salle située entre le jardin des Tuileries et la cour du Palais royal. Par conséquent, royauté oblige, la désignation se fait par rapport au roi assis dans la salle.

Petit truc

Pour se le rappeler, on imagine le nom « Jésus-Christ » en grosses lettres sur la scène : le J (pour Jésus et Jardin) est toujours à gauche et le C (pour Christ et Cour), toujours à droite. (Ce truc mnémotechnique prévaut dans tout le milieu théâtral.) Quant au comédien se trouvant sur scène face au public, il peut se rappeler que le côté cour est à sa gauche en se disant « côté cour/côté cœur ».

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Les deux extrémités du plateau étant ainsi identifiées, on peut décrire plus aisément les aires de jeu et les déplacements, que l’on soit dans la salle ou sur la scène. En effet, si le metteur en scène dit simplement au comédien « Va à gauche » ou « Sors à droite », il risque de créer de la confusion, selon que le comédien est placé de face, de dos ou de côté par rapport au public.

Dans le sens de l’écriture

De façon traditionnelle, les mouvements principaux des personnages s’exécutent surtout de gauche à droite pour le spectateur qui regarde – c’est-à-dire du côté jardin vers le côté cour. Sur la majorité des scènes et dans la plupart des pièces de théâtre, les entrées et sorties principales se trouvent côté jardin. Les entrées et sorties secondaires s’exécutent côté cour ou à l’arrière. Pourquoi? Il semble qu’il y ait un lien étroit entre notre façon d’aborder un récit de théâtre et le sens de notre écriture, du moins en Occident.

S’il s’agit d’une orientation souvent logique pour le spectateur, on pourra prendre plaisir à le surprendre en variant entrées et sorties.

Nous vous suggérons de lire aussi Les aires de jeu.

Lorraine