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Ombres et lumière

Par Chantal Bilodeau-Legendre

Le mois dernier, deux internautes nous ont posé des questions relativement à l’éclairage. Les réponses de Hugo et Lorraine à leurs commentaires sont devenues des articles de la rubrique Technique. (Voyez Quatre zones et Effet marin.) De cette façon, nos lecteurs pourront les repérer plus facilement s’ils font une recherche par catégorie ou par mot clé.

Personnellement, la technique n’est pas mon fort. Hugo est un passionné de l’éclairage de scène! Et Lorraine déniche des ressources et des bonnes idées! Mes connaissances en éclairage sont très limitées. Cependant, je pourrais résumer en quelques mots un principe essentiel : La juste orientation des projecteurs permet de chasser les ombres des comédiens. (Voyez l’article L’éclairage).

Chasser les ombres. Quelle belle image!

Chasser les ombres sur la scène est excellent. Comme c’est agaçant de voir danser l’ombre d’un comédien sur le visage d’un autre! On perd alors des mimiques, des gestes importants – en plus, peut-être, de perdre patience!

Mais chasser les ombres dans la vraie vie? N’est-ce pas mieux encore?

Jésus affirme être lui-même la lumière du monde, et il chasse les ténèbres intérieures de ceux qui placent leur confiance en lui. Ces derniers, à leur tour, doivent marcher en enfants de lumière et porter la lumière de Christ autour d’eux.

Tout cet échange de lumière, tout ce balayage d’ombres, le théâtre évangélique peut-il y contribuer? Oui, je pense qu’il peut être un outil utile à cet effet.

Je crois que le monde a besoin d’un théâtre lumineux, porteur d’espérance. Mais aussi d’un théâtre sensible, fier de son message et respectueux de son public. D’un théâtre de qualité qui donne soif – comme le sel donne soif. D’un théâtre humble qui indique un chemin – qui pointe vers Celui qui est le chemin.

L’entreprise peut sembler de taille, mais le grand Créateur prend plaisir à équiper ceux qu’il appelle à le servir par le théâtre (et par n’importe quel autre moyen, d’ailleurs!). Être à l’écoute de sa voix, être à l’affût de ses ressources, marcher soi-même dans sa lumière… Voilà des façons de progresser constructivement dans son ministère de théâtre. Certes, cela n’exclut ni les difficultés ni les erreurs, mais nous permet de vivre en étroite dépendance de Celui qui est l’Auteur de toute créativité.

Crevé? (ou: Apprendre à déléguer)

par Chantal Bilodeau-Legendre

Il m’est déjà arrivé d’être à plat dans mon ministère de théâtre – surtout vers la fin d’une production. Plus d’une fois, à l’approche de la date fatidique (celle de la présentation publique!), j’ai été à bout de souffle et je me suis dit : « Plus jamais! C’est trop exigeant! »

C’est vrai qu’un ministère de théâtre est exigeant, surtout si, comme je l’ai fait trop souvent, on s’occupe de rédiger le texte, recruter les comédiens, faire la mise en scène, gérer costumes et décors… De tout, quoi. Mon erreur était de ne déléguer pratiquement rien. Et non seulement je ne déléguais pas, mais je ne faisais pas connaître mes besoins véritables à mon église.

J’étais jeune, sans enfants, pleine de dynamisme à cette époque. Je pouvais gaspiller mon énergie à faire moi-même ce que d’autres auraient pu faire à ma place. Aujourd’hui, je ne suis plus aussi jeune, j’ai des enfants et j’économise mon énergie! Je n’ai plus le choix. Si je veux continuer à faire du théâtre (car j’aime ça et c’est ce que le grand Metteur en scène m’a demandé!), je gagnerai à exploiter les talents qui pullulent dans mon église.

Tiens! Monika peut découper ce large pan de tissu et passer quelques coutures pour habiller tous nos bergers! Linda et ses filles acceptent de confectionner des coffrets pour les mages, des rouleaux pour les scribes, un sceptre et une couronne pour Hérode! Réjean fabrique une mangeoire avec quelques planches! Yan grimpe à l’échelle pour changer la couleur des spots et faire des tests d’éclairage! Sans parler de la rédaction du bulletin à remettre aux spectateurs, de la gestion des costumes (et des jeunes comédiens!) entre les scènes… Quelle belle équipe je viens de découvrir!

Certes, je garde un œil sur ce qui se fait : je supervise. Je ne fais pas tout, et je me rends compte que le travail des autres est bien fait – voire mieux fait – quand je le confie à des personnes compétentes et dignes de confiance.

Voici quelques vérités que j’ai apprises sur le chemin de la délégation des tâches :

♦ En faisant connaître mes besoins à l’assemblée (costumes, accessoires, supervision des enfants, etc.), je donne à plusieurs l’occasion d’exploiter leur créativité et de servir le Seigneur avec leurs talents.

♦ Lorsque je délègue une tâche, mes attentes doivent être réalistes. Je suis en droit de demander un travail bien fait, mais pas la perfection – ou ce que je perçois comme telle. Je dois laisser à l’autre de la latitude dans l’exécution de sa tâche, sachant que c’est aussi une occasion pour elle ou lui d’apprendre et de faire des progrès.

♦ Si je prie Dieu de me guider vers les bonnes personnes – et de faire venir à moi les bonnes personnes – il le fera. Le plan qu’il a préparé d’avance concerne souvent des gens que je ne soupçonne pas toujours! J’aime me laisser surprendre par lui.

♦ Déléguer me libère l’esprit et me permet d’être plus efficace dans ce qui est ma force : écriture et mise en scène. Je ne m’éparpille plus autant. Et je ne suis plus crevée à la fin de notre production!

Yeshua s’était entouré de collaborateurs pour le moins disparates. Yohan et James avaient un tempérament plutôt fougueux, qu’ils ont appris à dominer avec le temps. Peter était ce qu’on pourrait appeler une « grande gueule », prompt à faire des promesses, mais pas à les tenir! Lui aussi a appris. Tom avait souvent besoin d’être rassuré. Parmi les gens de son entourage, il y avait les sœurs Myriam et Martha, l’une contemplative, l’autre hyperactive. Quand Yeshua a dû partir, une poignée d’hommes ont poursuivi le boulot. D’autres hommes et femmes plus ou moins compétents (à mes yeux, en tout cas!) se sont joints à eux. Ensemble ils ont bouleversé le monde.

Dieu prend plaisir à faire progresser son œuvre tout en faisant valoir la diversité et les faiblesses de ceux qui l’aiment et lui font confiance. À son exemple, je peux choisir d’avoir un ministère de théâtre où, dans la plus belle diversité, les faiblesses des uns côtoient les forces des autres, où les dons de chacun sont mis à profit en une belle harmonie. Ensemble, nous pourrons ainsi offrir au public, mais à Dieu d’abord, un service créatif empreint d’humilité et de gratitude.

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