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Jésus et la femme adultère: Démarche pour une mise en scène (Jean 8.2-12)

par Chantal Bilodeau-Legendre

Deux préalables

Pour mettre en scène un texte biblique, prenez le temps de le lire à maintes reprises. Méditez-le amplement. Ne faites pas cet exercice simplement dans un but « théâtral » : faites-le pour vous personnellement. Plus le texte vous parlera à vous, plus vous serez en mesure de le rendre vivant pour vos auditeurs. Autrement dit, laissez la Parole de Dieu agir dans votre cœur avant tout.

Présentez votre intention d’écriture à Dieu. Parlez-lui de votre projet! Dieu est non seulement le Créateur, mais encore la source de toute créativité. Soyez attentif aux images et aux mots que son Esprit vous soufflera.

Je me limite ici à ces deux préalables. D’autres activités s’imposent, comme la lecture du contexte, mais je crois que la méditation et la prière sont souvent négligées. Il arrive qu’on ait hâte de se mettre à écrire, mais on oublie qu’avant d’écrire, il faut avoir nourri son âme et communiqué avec le principal Intéressé.

Une démarche

Je vous partage bien humblement la démarche qui a entouré l’adaptation de Jean 8.2-12. Je ne procède pas toujours de la même manière et je ne crois pas qu’il existe une façon unique de faire. Ma prière est simplement que mes suggestions vous inspirent et vous donnent le gout d’écrire des pièces qui donnent vie au texte biblique.

Le texte

J’ai recopié ci-après le texte de la pièce. J’y ai inséré, en retrait, les versets bibliques de Jean 8 ainsi que des réflexions personnelles en rapport avec le choix des jeux de scène et des répliques.

(Vous pouvez télécharger ici le texte seul de Jésus libère de la condamnation en fichier PDF, sans les versets et les commentaires.)

Scène 1 : Jésus enseigne ses disciples

Verset 2 – « Il revint de bonne heure dans la cour du Temple et tout le peuple se pressa autour de lui; alors il s’assit et se mit à enseigner. » (Jésus a parlé de l’eau vive la veille, selon Jean 7.37-38. Le texte ne dit pas sur quoi Jésus enseignait dans Jean 8. Un fond musical couvrira donc ses paroles. )

Côté cour : Jésus entre en scène. Plusieurs personnes le suivent, l’entourent. Ils occupent environ la moitié de l’espace scénique. On entend le bruit confus de leurs voix : « Maitre, parle-nous du royaume de Dieu! Ces fleuves d’eau vive, qu’est-ce que c’est? Explique-nous! » (Inspirez-vous du contexte pour improviser des questions.) Jésus s’assoit sur un banc, le groupe prend place autour de lui, mais un peu en retrait. Sur un fond musical, on voit Jésus qui enseigne ces gens.

Scène 2 : Des hommes amènent une femme à Jésus

Verset 3 – « Tout à coup, les interprètes de la Loi et les pharisiens trainèrent devant lui une femme qui avait été surprise en train de tromper son mari. Ils la firent avancer dans la foule et la placèrent bien en vue devant Jésus. » (« Ils la firent avancer DANS la foule. » Pour des raisons de visibilité et d’équilibre du plateau, j’ai choisi de mettre la foule d’auditeurs d’un côté et les hommes de l’autre. La femme est par terre, devant ses accusateurs qui se tiennent tous debout – son humiliation est encore plus grande. La musique se tait. Le temps est suspendu.)

Côté jardin : Des hommes entrent, trainant sans ménagement une femme terrorisée. Ils se tiennent dans la seconde moitié de la scène. Le fond musical décroit. Silence.

Un homme pousse la femme au milieu. Elle tombe et reste accroupie sur le sol, tête baissée. Jésus et la femme se trouvent donc au centre de la scène; les auditeurs sont assis côté cour; les accusateurs debout côté jardin.

Scène 3 : Les accusateurs pressent Jésus de questions

Versets 4 et 5 – « ‘Maitre, lui dirent-ils, cette femme a commis un adultère; elle a été prise sur le fait. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider les femmes de ce genre. Toi, quel est ton jugement sur ce cas?’» (Plusieurs hommes s’adressent à Jésus. Peut-être que, dans les faits, ils parlaient tous en même temps! J’ai choisi de répartir cette tirade entre trois personnes.)

Verset 6a – « En lui posant cette question, ils voulaient lui tendre un piège, dans l’espoir de trouver quelque prétexte pour l’accuser. » (Cette indication révèle que la femme n’est en fait qu’un instrument entre leurs mains. Ils n’ont aucune pitié pour elle. Bien entendu, on se demande : Pourquoi n’ont-ils pas aussi emmené l’homme avec qui elle se trouvait, comme le suggère Lévitique 20.10? Les intentions de ces hommes n’ont rien à voir avec la justice.)

Homme 1 :  Maitre, cette femme a été surprise en train de coucher avec un homme!
Homme 2 :  Et cet homme, ce n’est pas son mari! (Rires méchants, murmures.)
Homme 1 :   Moïse, dans la loi, nous a ordonné de tuer de telles femmes à coups de pierre!
Homme 3 :  Et toi, que dis-tu?

Verset 6b – « Mais Jésus se baissa et se mit à écrire du doigt sur le sol. » (Je glisse ici un long silence, car c’est dans le silence que les accusateurs – et les spectateurs – ont de l’espace pour réfléchir. Certains parmi la foule pourraient même tenter de voir ce que Jésus est en train d’écrire.)

Silence. Jésus regarde la femme, puis les accusateurs de cette dernière. Pour toute réponse, il se baisse et dessine sur le sol, avec le doigt. Auditeurs et accusateurs sont perplexes.

Verset 7a – « Eux, ils insistaient, répétant leur question. » (Ici encore, plusieurs personnes prennent la parole. Je découpe la question et la reformule autrement.)

Homme 1 :   Cette femme est adultère, Maitre!

Homme 2 :  La loi de Moïse est claire : il faut la lapider!

Homme 3 :  Qu’en penses-tu?

Homme 1 :   Pourquoi tu ne réponds pas?

Homme 3 :  On la tue, oui ou non?

Verset 7b – « Alors il se releva et leur dit : ‘Que celui d’entre vous qui n’a jamais péché lui jette la première pierre!’ » (Après le nouvel interrogatoire, un autre silence s’impose. Quand Jésus ouvre la bouche, sa réponse est comme une flèche lancée en plein cœur – une flèche lancée tout en douceur…)

Silence. Puis, Jésus se lève, ôte la poussière de ses mains et regarde les accusateurs.

Jésus :  Parmi vous, lequel est sans péché? Celui-là peut lui jeter la première pierre.

Versets 8 et 9 – « Puis il se baissa de nouveau et se remit à écrire sur le sol. Après avoir entendu ces paroles, ils s’esquivèrent l’un après l’autre, à commencer par les plus âgés, laissant finalement Jésus seul avec la femme, qui était restée au milieu de la cour du Temple. » (Un nouveau précieux silence… où l’on doit sentir, palper, même, le malaise des accusateurs.)

Silence. Jésus se baisse de nouveau et se remet à écrire sur le sol. Il est tout près de la femme. Confus, les hommes se regardent les uns les autres. Un à un, lentement, du plus vieux au plus jeune, ils sortent par où ils sont entrés.

Scène 4 : Jésus libère la femme

Verset 10 – « Alors Jésus leva la tête et lui dit : ‘Eh bien, où sont donc passés tes accusateurs? Personne ne t’a condamnée?’  ‘Personne, Seigneur’, lui répondit-elle. Alors Jésus reprit : ‘Je ne te condamne pas non plus. Va, mais désormais, ne pèche plus.’ » (L’action se déroule lentement… Ce geste d’aider la femme à se relever dénote la délicatesse de Jésus et son désir de lui redonner sa dignité. Il ne cherche pas à l’humilier davantage. Quand il ordonne à la femme de ne plus pécher, cette dernière sent son cœur se transformer : Jésus lui a littéralement sauvé la vie, mais on peut croire à raison qu’il lui a aussi sauvé la vie spirituellement. Bien qu’elle ne dise que deux petits mots, la femme, par les jeux de scène suggérés, exprime à la fois sa reconnaissance et son sentiment de libération.)

Jésus se redresse. Il aide la femme à se relever. Elle garde la tête baissée.

Jésus :    Dis-moi, où sont passés les hommes qui t’accusaient?

Hésitante et apeurée, la femme regarde autour d’elle.

Jésus :    Personne ne t’a donc condamnée?

Femme :   Personne, Seigneur.

Jésus :   Moi non plus, je ne te condamne pas. [Pause.] Tu peux partir, maintenant. Et désormais, quitte ta vie de péché.

Reconnaissante, la femme prend les mains de Jésus et les embrasse. Elle sort. Jésus retourne à ses auditeurs, qui ont observé toute la scène en silence. Il s’assoit.

Verset 12 – « Jésus parla de nouveau en public : ‘Je suis la lumière du monde, dit-il. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la lumière de la vie.’ » (Au lieu de clore le récit avec le départ de la femme, v. 11, j’ai choisi d’inclure le verset suivant, comme pour « boucler la boucle » et montrer que cet « incident » n’a pas perturbé Jésus. Ce dernier reprend peut-être la leçon là où elle avait été interrompue… qui sait? Je trouve d’ailleurs que cet enseignement sur la nécessité d’avoir la lumière de la vie plutôt que de marcher dans les ténèbres fait ressortir la condition spirituelle des accusateurs et celle, nouvelle, de la femme qu’il vient de libérer de la condamnation.

Jésus :   Je suis la vraie lumière qui éclaire le monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans l’obscurité, mais il aura au contraire la lumière de la vie.

Le fond musical reprend tandis que Jésus se remet à enseigner.


Toutes les citations bibliques sont extraites de La Bible du Semeur. Copyright © 1992, Société Biblique Internationale. Avec permission.

 

Méchant syndrome…

Par Chantal Bilodeau-Legendre

J’ai l’habitude de monter des pièces de mon cru, et je crois souffrir du « syndrome de l’auteure omnisciente ».

Les personnages que je crée sont toujours si vivants dans ma tête! Leur voix, leur « mentalité », même leur démarche – j’entends tout, je vois tout, je sais tout! Je n’ai qu’à dire à mes comédiens quoi faire! Je leur montre comment donner corps à ces créations de mon esprit. Je les guide presque pas à pas… Un peu trop, je pense.

En effet, en négligeant l’étape de l’étude de leurs personnages, je prive mes comédiens d’une réflexion préliminaire, essentielle au jeu dramatique sensible et intelligent. Oh! Je ne dis pas que mes comédiens jouent sans sensibilité ni intelligence! Non, mais ils n’explorent pas les personnages eux-mêmes, ils n’en font pas la connaissance eux-mêmes. Ils font ce que je leur dis (en règle générale) et, par conséquent, ils ont plus de difficulté à atteindre une interprétation naturelle, aisée, spontanée.

La traduction des articles de la série « Les cinq composantes de base de l’interprétation » m’aura été profitable à moi la première! Je vous les encourage à les lire et à les relire. Commencez par la première composante, RÉLÉCHIR. (La liste des articles apparait dans notre rubrique Interprétation.)

Si comme moi vous souffrez du syndrome de l’auteure omnisciente, je vous souhaite bonne guérison! 🙂

Gardez votre calme!

Par Karen Dickson

Je pense qu’un des secrets pour garder son calme consiste à se « dissocier » comme metteur en scène : quand on travaille avec des comédiens, on se concentre sur eux – pas sur l’éclairage, les accessoires ou les décors, ni sur la myriade d’autres détails qui pourraient causer beaucoup de stress!

Je tiens à me rappeler que, en tant que metteure en scène, mon mandat se termine après la générale. Je dois donner à mes comédiens tout ce dont ils ont besoin jusque-là – sinon je ne leur rends pas service! C’est important qu’ils sachent que j’ai confiance en eux. Bien entendu, cette confiance découle du fait que nous avons travaillé fort et que je leur ai beaucoup demandé pendant les répétitions. Je m’efforce d’ailleurs de rassurer mes comédiens : je ne les laisserai se rendre à la représentation que si je sens qu’ils sont prêts. Et si cela signifie des heures de boulot supplémentaires, eh bien! nous y mettrons le temps qu’il faut.

À la fin de la générale, je cherche à clore nos semaines de préparation d’une manière constructive. S’il reste quelques lacunes, je trouverai une façon positive d’influencer les acteurs en les encourageant à faire de leur mieux et à jouer de tout leur coeur, avec l’aide incommensurable de Dieu.

Je crois que les metteurs en scène ont la responsabilité de « bâtir » les comédiens, de les édifier, et non de les démolir. À mon avis, nous pouvons contribuer à édifier notre troupe en demeurant nous-mêmes motivés et calmes… Pleins d’énergie, oui, mais agités et énervés, non.

Les comédiens doivent avoir la conviction que nous comptons sur Dieu pour tous nos besoins de théâtre. Il vaut toujours mieux suivre la direction qu’il nous donne : c’est la meilleure. Quand Dieu est à la tête du projet, qui sommes-nous pour paniquer ou nous emporter?

Voir aussi:
Hey! Relaxe!


Extrait de DramaShare Organizational Manual, publié par DramaShare (2000). Traduit et adapté par Chantal Bilodeau-Legendre, avec l’aimable autorisation de DramaShare.

 

Mémoire affective et Méthode avec un grand M

Par Chantal Bilodeau-Legendre

La mémoire affective

Les jeunes tirent au hasard des bouts de papier sur lesquels l’animateur a écrit diverses émotions. Ils doivent les exprimer comme ça, à brûle-pourpoint. Joie. Inquiétude. Colère. Jalousie. Tristesse. Leur jeu fait très « cliché » : on se ronge les ongles frénétiquement, on saute sur place, on croise les bras l’air boudeur, on se contorsionne le visage pour simuler des pleurs. Ouf. Il y a de tout là-dedans – sauf de l’émotion.

Bon, ça va pour les exercices de théâtre – mais on ne peut décemment pas jouer « pour de vrai » en public en exprimant des caricatures d’émotions, surtout quand la pièce est tout sauf une parodie!

Comment reproduire des émotions qui viennent « d’en dedans », des tripes? Comment ne pas se limiter à une sorte de masque grotesque plaqué sur le visage? Comment être si crédible qu’on émouvra le spectateur au point de même lui arracher des larmes?

Il y a quelques décennies, Constantin Stanislavski a répondu à ces questions en développant la notion de mémoire affective et en élaborant sa fameuse « méthode ». Cette méthode a fait école, si bien qu’on parle encore aujourd’hui de LA Méthode, avec un grand M.

Lisez à ce sujet l’article de Lorraine : La mémoire affective et la Méthode.

Et si vous voulez en savoir davantage sur M. Stanislavski, allez jeter un coup d’oeil sur Wikipedia, ou bien lisez son célèbre ouvrage, La formation de l’acteur, aux Éditions Payot. Un classique.

Le schéma actanciel

Par Lorraine Hamilton et Chantal Bilodeau-Legendre

D’abord, ça sert à quoi?

Le schéma actantiel précise les relations qui existent entre les personnages d’un récit. On peut analyser les œuvres théâtrales, aussi bien que les romans par exemple, au moyen du schéma actantiel. On y voit si la situation est équilibrée et si tous les éléments de la narration y sont présents. Qui est le personnage principal? Quel but poursuit-il? Quels facteurs le poussent vers son but? Qu’est-ce qui lui vient en en aide? Qu’est-ce qui lui nuit?

Actantiel1

Euh… c’est quoi tout ça?

Le sujet correspond au personnage dont on fait l’étude. Il a nécessairement une quête personnelle rattachée à son rôle dans la pièce, sinon il ne servirait à rien dans l’histoire.

L’objet a ici le sens d’objectif. Il n’y aurait pas d’histoire intéressante si le sujet réussissait à obtenir immédiatement son objet. Pour cette raison, il se heurte à divers obstacles durant sa quête. Tout ce qui s’oppose à son projet est un opposant; tout ce qui l’aide à le réaliser est un adjuvant. Plusieurs opposants et adjuvants sont possibles. Ce peuvent être des personnages, des choses ou des événements.

Le destinateur est ce qui motive le sujet à entreprendre sa quête. Le destinateur est souvent l’actant le plus difficile à trouver. Il peut s’agir d’une personne ou d’une force morale qui provoque ou mandate la quête. On réussit à l’identifier en posant la question « Pour qui… (ou pour quoi) le sujet entreprend-il sa quête? ».

Quant au destinataire, il s’agit de la personne à qui profitera la quête. On se demande alors « À qui l’aboutissement de la quête servira-t-il? »

Deux illustrations

Un conte…

À la demande du roi (destinateur), le preux chevalier (sujet) veut délivrer (quête) la princesse (destinataire). (Mais il est possible que le destinataire soit aussi le roi, qui veut récupérer sa fille, ou même le chevalier, qui veut l’épouser!) Le chevalier doit d’abord affronter le dragon féroce (opposant) qui garde le château ainsi que la méchante sorcière (opposant) qui a ensorcelé la tour. Heureusement, grâce à sa fidèle épée magique et à la fée Mélusine (adjuvants), il parviendra à libérer la belle.

Un récit biblique…

Voyons maintenant le récit du naufrage de l’apôtre Paul, selon deux points de vue : (1) celui des soldats et (2) celui de l’officier (nommé centenier dans les schémas). Mais d’abord, le texte.

Les soldats étaient d’avis de tuer les prisonniers, de peur que l’un d’eux ne s’échappe à la nage. Mais l’officier, qui voulait sauver Paul, les a empêchés de mettre ce projet à exécution. Il a ordonné à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers à l’eau pour gagner la terre, et aux autres de s’agripper à des planches ou à des débris du bateau. C’est ainsi que tous sont parvenus sains et saufs à terre. (Actes 27.42-44, Segond 21)

 (1) « Leur vie ou la nôtre! » (point de vue des soldats)

Mise en contexte : À l’époque, un soldat romain qui perdait un prisonnier devait répondre de sa vie. C’est pour cette raison que, dans ce récit, ils cherchent à tuer les prisonniers plutôt que de les voir s’enfuir.

En bref…

Sujet = les soldats
Objet (ou objectif) des soldats = tuer les prisonniers (dont Paul)
Destinateur (qui les motive?) = la peur de mourir
Destinataire (qui en profitera?) = les soldats eux-mêmes
Opposant = l’officier (centenier)
Adjuvant (aidant) = rien ni personne

actantiel2

(2)  « Tous doivent rester en vie! » (point de vue de l’officier)

Mise en contexte : Paul avait informé l’équipage que Dieu les protégerait tous, selon la vision qu’il avait eue (Actes 27.21-26). L’officier croit aux paroles de Paul.

En bref…

Sujet = l’officier (centenier)
Objet (ou objectif) de l’officier= sauver Paul
Destinataire (qui le motive?) = sa confiance (ou sa bonté, voire Dieu lui-même)
Destinataire (qui en profitera?) = Paul et les prisonniers
Opposant = aucun (les soldats obéissent aussitôt)
Adjuvant (aidant) = aucun (l’autorité du centenir suffit)

actantiel3

Le récit du naufrage de Paul remplit les conditions du schéma actanciel pour deux sujets. Il arrive que certaines quêtes n’aient ni opposant, ni adjuvant, comme dans le deuxième exemple. Mais chaque action doit essentiellement remplir les autres conditions (avoir un destinateur et un destinataire) pour qu’on puisse la considérer comme une action réelle et utile à un récit. On peut les comparer à des signes vitaux qui déterminent si un être est vivant ou non.

Par conséquent, si un personnage dans une pièce pose une action qui n’a ni destinateur, ni destinataire et surtout ni objet, ce personnage est alors inutile et alourdit simplement la scène ou la pièce. On peut observer ce genre de situation dans les sketches où des personnages entrent sur scène sans but précis, sans raison évidente – si ce n’est celle qu’on voulait donner un rôle à Untel parce-qu’il-voulait-tellement-jouer-cette-fois-ci,  ou qu’on voulait faire rigoler l’auditoire…

Pour qu’une histoire soit bien bâtie, chaque personnage et chaque action doivent faire progresser l’histoire vers son superobjectif. Sinon, on distraira vainement le public, détournant même son attention de l’objectif réel.